Don Juan en Sicile
/ Vitaliano Brancati ; trad. de l'italien par Adeline Arnaud.
- Paris : Librairie générale de France, 1994.
- 189 p. ; 17 cm. - (Le Livre de poche, 9772).
ISBN 2-253-09772-1
|
NOTE DE L'ÉDITEUR : Giovanni Percolla, célibataire
catanais, mène une vie de dissipation et de paresse que
ne soupçonnent pas ses trois sœurs, unies dans l'idolâtrie
de ce mâle qui part tous les jours travailler …
Le seul souci de Giovanni a pour nom la Femme. Dès son
plus jeune âge, le contact d'une femme le fait rougir.
Plus tard, il choisit ses amis parmi les garçons les plus
dessalés. Plus tard encore, ces fameux amis et lui fréquentent
les prostituées clandestines. Fascinés jusqu'à
la torture, ils se racontent tour à tour leurs exploits,
inventent, brodent, s'excitent mutuellement, confondant désir
et expériences. Or, un évènement inattendu
va mettre fin à ces divagations : Giovanni a été
regardé par la belle Ninetta. Un frémissement de
lion parcourt son échine. Il change de vie, quitte ses
sœurs et ses amis, dépérit, jusqu'au jour où,
grâce à l'ombre propice d'une baraque de foire et
à l'initiative de Ninetta, un baiser de fiançailles
est échangé. Mais là ne s'arrêtent
pas les aventures de Giovanni.
Après Les années
perdues, où il brocardait la paresse et la veulerie
des vitelloni siciliens, après Le Vieux avec
les bottes, où il passait au peigne fin de son ironie
le comportement de ses concitoyens pendant le fascisme et la
Seconde Guerre mondiale, le plus satirique des écrivains
siciliens — et l'un des plus grands écrivains italiens
du XXe siècle — s'attaque ici, dans des pages certes
cruelles mais d'une infinie drôlerie, aux mœurs amoureuses
du mâle sicilien …
|
EXTRAIT |
Giovanni marchait avec une certaine
émotion, à gauche et deux pas en arrière
de la signorina Ninetta, lorsque celle-ci leva la tête
et fut comme frappée de ravissement à la vue d'un
personnage évidemment enchanteur. Pour qu'une femme le
regardât ainsi, il fallait vraiment que ce personnage fût
paré de toutes les qualités : beauté,
vigueur, bonté, génie, jeunesse. Mordu par la jalousie
et le désarroi, Giovanni se retourna pour voir qui pouvait
bien être ce personnage. Mais derrière lui, il n'y
avait personne : le regard de Maria Antonietta dei Marconella
n'allait pas plus loin que lui : ce personnage, c'était
bien lui. Dieu du ciel ! Giovanni avait totalement oublié
qu'il avait en lui un tel être, qui, pendant qu'il dormait
et avait avec ses amis des conversations peu convenables, s'était
couvert de gloire et de beauté, avait écrit des
poèmes célèbres, inventé ceci et
cela, converti des populations entières à la douceur
chrétienne, et défié, par un cri juvénile,
qui ressemblait énormément à celui de l'aigle
dans le matin clair, les orgueilleux et les idiots. Oh, sainte
Agathe ! comme il s'en souvenait nettement, à présent
que deux yeux, dont on ne sait pas très bien s'ils étaient
bleu foncé, dorés ou noirs, fixaient en lui, le
reflétant fidèlement, l'auteur d'aussi extraordinaires
hauts faits !
☐ pp. 60-61
|
|
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Don Giovanni in
Sicilia, seguito da cinque racconti », Milano :
Rizzoli, 1941
- « Don Juan en Sicile »,
Paris : Gallimard (Du monde entier), 1968 ; Fayard,
1990
| - « Ardeurs de Paolo »,
Paris : Robert Laffont, 1959
- « Journal romain »,
Paris : Fayard, 1995
- « La gouvernante
(suivi de) Retour à la censure », Paris :
Fayard, 1992
- « Le bel Antonio »,
Paris : Robert Laffont, 1950, 1985, 2006 ; Union générale
d'éditions (10/18, 1450), 1981
- « Le vieux avec les
bottes », Paris : Fayard, 1989 ; Flammarion
(GF, 790), 1995
- « Les années
perdues », Paris : Fayard (De l'Italie), 1988 ;
Librairie générale de France (Livre de poche, 6831),
1990 ; Librairie générale de France (Livre
de poche, Biblio, 3311), 1999
- « Les
plaisirs et autres textes », Paris : Fayard,
2002
- « Rêve de valse
(suivi de) Les Aventures de Tobaïco », Paris :
Fayard, 1991 ; Flammarion (GF, 795), 1995
- « Singulière
aventure de voyage, et autres récits », Paris :
Fayard, 2001
| - Alain Sarrabayrouse, « Déni des valeurs, valeur du déni dans Le Bel Antonio de Vitaliano Brancati », Grenoble : ELLUG (Littératures et cultures étrangères), 2006
|
|
|
mise-à-jour : 9 avril 2017 |
| |
|