4ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2002)
ouvrage en
compétition |
Pâris et ses femmes
/ Antoni Arca ; trad. de l'italien par G. Thiers. -
Ajaccio : Albiana, 2002. - 213 p. ;
22 cm. - (Isule literarie, Des îles
littéraires).
ISBN 2-84698-013-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Pâris et
ses femmes est bien la peinture minutieuse et talentueuse
— un rien cruelle par endroit —
d'une succession de rêves, de désirs et de
passions inaboutis. […] Il y a de l'impuissance dans
l'attitude de Paride Pintus, professeur de langue et de civilisation
italienne nommé et titularisé à
Santalba, un village de la côte sarde. Les autochtones n'ont
que faire de ses velléités de
dévouement pédagogique. Car cette
communauté néo-hellène de Sardaigne
est plus attachée à la
spontanéité fruste de ses propres nostalgies
qu'à l'avenir de ses enfants. Elle sait que le Strudel,
l'immense roche mythique qui surplombe le port et l'histoire des gens,
s'effondrera bientôt. Elle n'en conçoit pourtant
aucun frisson. Aucun lyrisme. Aucune tragédie. On fait
toujours les mêmes gestes sur le port ou dans la boucherie
des parents de Tonino. Comme le dit Pâris à
Paola :
Santalba est sans doute l'endroit idéal
pour les vacances, mais y vivre, c'est mortel. Il ne se passe jamais
rien, l'activité culturelle se déroule entre la
maison, l'église et la discothèque, à
part une salle de cinéma aux sièges
très inconfortables. À l'école, je
n'entends parler que de néo-hellénisme, de cocus
et de malheurs.
Mais la réticence
au changement est-elle
bien chez les autres, dans le décor, dans les habitudes
ambiantes, dans l'héritage culturel ? Ne
serait-elle pas plutôt lovée au cœur de
l'identité personnelle, comme la marque individuelle d'un
tarissement général, chez nos contemporains, de
l'aptitude à construire d'autres possibles, un
ailleurs ? Du rêve, pour tout dire ?
❙ |
Antoni
Arca est né le 6 mai 1956 en Sardaigne où il vit
et
exerce son métier d'enseignant de langues et civilisations
ibériques. Il a entrepris d'illustrer l'identité
spécifique de sa ville natale, L'Alguer (Alghero), ancienne
colonie catalophone, dans un dialogue fécond avec les
ensembles
culturels de Catalogne, de Sardaigne et d'Italie. |
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EXTRAIT |
AUGUSTO : Écoute, cette
histoire du rocher du Cap Santalba qui doit s'écrouler n'est
qu'une stupide manœuvre politique. Chaque fois que dans le
groupe de la majorité il y a un désaccord, ou
pire, lorsqu'ils ont l'intention de se partager on ne sait quelle part
du gâteau, ils s'en tirent en diffusant le bobard du Strudel
qui va s'effondrer d'un instant à l'autre, et que nous
devons être attentifs. Sais-tu combien de fois le Strudel
aurait dû s'effondrer depuis que je suis
né ?
GIGLIOLA : Combien ?
AUGUSTO : Trop : une fois tous
les trois mois environ.
GIGLIOLA : Mais c'est vrai. J'ai vu les
photos. Chaque année la roche du Cap Santalba se fissurer et
glisse irrémédiablement dans la mer. Je te dis
que j'ai vu les clichés et, si tu les compares, tu
t'aperçois que l'inclinaison de la paroi rocheuse est
évidente. Or, d'après les géologues il
peut s'écrouler d'un instant à l'autre.
AUGUSTO : Mais bien sûr. D'un
jour à l'autre, d'une année à l'autre,
d'un siècle à l'autre.
GIGLIOLA : Il ne s'effondrera
pas ?
☐ pp. 141-142
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Isula di Torre, pesci è ballu tondu »,
Ajaccio : Albiana, Corte : CCU, 2017
- « Jordi
mis en demeure », Ajaccio : Albiana,
Corte : CCU, 2017
- «
Un tangò trà Argentina è
Sardegna »,
Ajaccio : Albiana, 2010
- « Alghero,
città catalana d'Italia : la letteratura popolare a
tutela
delle lingue locali », Roma : Carocci, 2006
|
- « Su
fizu ‘e s'orcu » in Des
ex-voto sur les frontières,
théâtre : trois
spectacles à propos de la piété
populaire en
Corse, en Sardaigne et en Toscane, Ajaccio :
Albiana ; Corti : Association de soutien du CCU, 2004
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mise-à-jour : 3
juillet 2017 |
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