8ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2006)
ouvrage en compétition |
IFF / Paul Antonietti. -
Ajaccio : DCL Éd., 2005. -
191 p. ; 21 cm.
ISBN 2-911797-89-2
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR : « La
Corse vient de donner le jour à un
écrivain », « une
errance magnifique », « la
sincérité saute aux yeux, les phrases
brûlent parfois. Paul Antonietti a trouvé sa
voix. », « La Corse est bien
là, comme une référence contagieuse.
Elle détient les clefs de l'œuvre et exige pour
les livrer un dépouillement, une ascèse, un
retour amont vers l'essentiel. »
Rarement un premier roman aura
suscité dans la presse Corse une telle unanimité
pour saluer sa qualité d'écriture. Les lecteurs
insulaires ne s'y sont pas trompés qui s'y reconnaissent
chaque jour un peu plus. Les lecteurs continentaux ou
étrangers qui en ont eu la primeur également.
C'est sans doute parce que, derrière son titre provocateur — IFF,
en corse “ I Francesi fora ”
c'est-à-dire “ les Français
dehors ” —, ce livre est la quête
bouleversante d'une identité qui se reconstruit pas
à pas à travers le langage lui-même.
Une plongée brutale et sans concession au cœur
d'un « problème »
corse qui n'en finit plus d'alimenter les chroniques et que l'auteur
replace dans sa dimension universelle face à
l'omniprésence des médias et à
l'uniformisation des modes de vie et des cultures. Dans ce roman
magnifique et parfois violemment polémique, Paul Antonietti
nous permet de mieux en comprendre le sens et les racines, d'un point
de vue intérieur et sensible, jamais abordé
auparavant avec une telle sincérité.
Certains livres comptent plus
que d'autres dans la vie d'un éditeur. Ils indiquent en
général la
« découverte » d'un
auteur dont on sait, par évidence, qu'il est ou qu'il
deviendra un écrivain. Notre seul plaisir est alors de
constater que dans sa rencontre avec le public et les critiques nous ne
nous sommes pas trompés. IFF est de ces
livres là, qui marquent définitivement et
inscrivent leurs auteurs dans la durée. En ces temps de
facilité et de surabondance éditoriale,
où la médiatisation peut tenir lieu de seule
qualité littéraire, notre première
mission est alors d'en convaincre les autres. Mais seule la lecture,
qui reste avant tout un plaisir, permet d'y arriver pleinement. ❙ | Après
un parcours dans la publicité et la communication à
Paris, Paul Antonietti revient s'établir en Corse en 1996 ; il
s'y consacre à la littérature et à
l'édition et meurt en 2014. |
|
EXTRAIT |
Le soir, alors que le village se vide de toute
présence humaine, je rentre pour écrire ou lire
au calme pendant qu'ils regardent tous la
télévision, et je reste
éveillé tard dans la nuit. Certains matins, j'ai
vu le jour se lever. L'instant était magique. Ce sont les
bruits qui vous font relever la tête : les oiseaux,
des volets qui s'ouvrent, les premiers cris. Et, d'un seul coup, vous
vous retrouvez baigné de lumière, bien avant que
le soleil n'ait fait son apparition. Et en vous approchant de la
fenêtre, vous participez à la création
du monde, les premiers rayons métalliques du soleil
éclairant les maisons grises d'un village corse dans son
écrin de maquis et de châtaigniers. Et une
journée commence, succédant à tant
d'autres, comme encore beaucoup d'autres lui succèderont,
dans le calme et la sérénité
retrouvée d'une union sans faille entre les hommes et la
terre qui les a portés. C'est à cette
heure-là sans doute que l'on comprend pourquoi des hommes
s'acharnent à vivre ici. Les mots vous manquent alors pour
décrire ce que vous voyez et, comblé, vous allez
vous coucher. Si la légende rapporte que les Corses n'aiment
pas travailler, c'est qu'ils vivent, le matin, un temps qui leur est
réservé, laissant l'après-midi aux
étrangers.
☐ pp. 87-88
|
|
|
mise-à-jour : 8 avril 2022 |
|
|
|