6ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2004)
ouvrage en
compétition |
L'or sarde / Giulio
Angioni ; trad. de l'italien par Catherine Siné. -
Paris : Métailié, 2003. -
229 p. ; 19 cm. - (Suites).
ISBN 2-86424-479-9
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Fraus : sa Maison de l'Ogre et ses sorcières, mais
aussi son terrain de sport et son grand magasin d'équipement
ménager. Le maire, professeur de philosophie, mari
malheureux, père inquiet d'un garçon de onze ans,
livre un récit fiévreux des derniers
évènements survenus depuis quelques mois dans sa
ville.
Benvenuto, neveu d'un riche
parvenu, a été enlevé. Demande de
rançon, débats au sein de la coalition des
femmes, rumeur enfantine d'une intervention des Envahisseurs de
l'Espace, tout est balayé par la découverte du
corps de l'enfant, violenté, au fond d'un puits
préhistorique. Mariano, le joueur d'accordéon,
communiste et homosexuel, est arrêté. Il se
suicide en prison. Le maire, qui ne croit pas à sa
culpabilité, poussera sa quête de
vérité jusqu'au fond des galeries
désaffectées de la mine de talc : l'or
sarde.
Dans les nuages blancs que
soulève sa marche, des menaces sourdent du passé
comme de l'avenir. Alternant lyrisme et fines notations psychologiques,
le récit nous entraîne à sa suite,
à mille lieues des plages, au plus profond d'une belle et
dure « Sardaigne
intérieure ».
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JEAN-BAPTISTE
MARONGIU : […] A coup
sûr, on se rend compte d'une île quand on la quitte
— jusqu'alors c'est le monde. Ulysse le savait bien qui,
après vingt ans, a fait un court retour à Ithaque
pour mettre de l'ordre dans ses affaires de famille avant de s'en aller
pour toujours.
Giulio Angioni est
né en 1939. Aussi son île est-elle son monde,
à plusieurs titres. Un : il a toujours
vécu là ; deux : anthropologue,
il en a fait l'objet de son métier ;
trois : écrivain de polars à ses heures,
il ne saurait imaginer un instant qu'ils se passent ailleurs. Le lieu
justement de L'Or sarde est un petit village que le
rapt d'un enfant maquillé en viol (ou le contraire ou autre
chose) plonge dans l'émoi, la douleur et la stupeur. Ici, le
mal ne peut venir que de l'extérieur, des profondeurs de
l'histoire ou des contrées lointaines. […]
☐
Libération,
25 septembre 2003 [en ligne]
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EXTRAIT |
J'entretiens avec Fraus un amour
tourmenté. Et j'ai des choses à me faire
pardonner. Certaines pudeurs, par exemple. J'ai souvent trahi la
patrie, j'ai caché mes origines fermières. Il
fallait qu'il en coule, de l'eau de source à l'Amande
amère, avant de réussir à faire la
paix avec le pays : comme une mère qui t'abandonne
dans les langes.
Mais par la suite, j'ai eu le temps de rougir de
ce genre de hontes ainsi que d'autres. Les comptes à solder
se sont réduits. Et faire le maire est aussi pour moi une
façon de devenir un vrai Frausien. Pour moi, alors que pour
certains de mes électeurs, m'élire maire a
été une sorte de tentative pour cesser de
n'être que purement frausiens.
— Toi, sûr que tu peux en
faire, des innovations continentales, à Fraus, me
disaient-ils quand je leurs demandais leur voix.
— Continentales ? Et pourquoi
diantres continentales ? Mais vous ne voulez donc pas
comprendre que le continent n'existe pas ? Moi, je le sais,
j'y ai grandi, sur le continent.
☐ p. 119
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « L'oro
di Fraus », Roma : Editori Riuniti,
1988 ; Nuoro : Il Maestrale, 2001, 2008
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- « Des milliers d'années
», Paris : Ed. du Revif, 2008
- «
À la face du monde », Lyon : La
Fosse aux ours, 2017
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mise-à-jour : 31
mai 2017 |
Giulio
Angioni, né à Guasila (Sardaigne) en
1939, est mort à Cagliari le 12 janvier 2017. |
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