Chronique d'un
siècle qui s'enfuit / Marco Lodoli ; trad. de
l'italien par Michel Orcel. - Paris : P.O.L, 1987. -
266 p. ; 21 cm. - (Italiques).
ISBN 2-86744-088-2
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : “ Je
me souviens. De la proue, je vis apparaître,
au-delà de la légère brume du matin,
un bref amphitéâtre de maisons, une bourgade
posée sur les eaux, comme engendrée par la
mer. ” C'est l'île,
l'extrême frontière où aboutit un jeune
homme avec sa compagne. Sur cette terre désolée,
il commence à écrire les pages de son journal,
une sorte d'éducation sentimentale ou de longue
convalescence, qui le prépare à la
découverte de la nudité de la vie.
Interprète lucide d'un paysage moral en ruine, le narrateur
est toujours là, immobile sur le seuil de l'existence
— état de siège dont il faut
s'échapper — avec le regard coupable de
celui qui observe, impuissant, l'incendie de sa propre maison.
Photographie d'une
génération sans qualités, ce livre est
aussi un roman de passions rarement dominées, de sentiments
vécus à la limite, où tout se joue
entre salut et perdition : ainsi le père, qui voit
pourrir l'aventure de sa délirante entreprise agricole,
ainsi Fernando, prisonnier de son vitalisme et de son incurable et
démentielle euphorie suicidaire ... Et tous
tourbillonnent, plus proches ou plus lointains, autour de ce point
inexprimable de la conscience qu'est Clo, gamine lunaire, intangible et
muette.
Chronique d'un
siècle qui s'enfuit est un livre sentimental et
cruel, chaste jusqu'au malaise, où l'image de la vie,
considérée comme pure existence,
au-delà de l'abjection, brille dans la lumière
fragile de la fin du siècle.
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EXTRAIT |
Tandis que la barque lentement prenait le large,
et que sur le môle peu à peu les saluts
s'atténuaient, j'ai senti la nostalgie aigüe de qui
sait qu'il est en train d'abandonner sa place pour un salut tout aussi
improbable. Je n'ai rien voulu voir d'autre, je me suis
étendu dans le fond de la barque, et l'île s'est
évanouie.
☐
p. 191
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“ ROME EST UNE
ÎLE ”
Marco
Lodoli arrive en scooter sur la piazza Barberini. “ Pour un
auteur italien, je sais, vous devez vous dire que c'est un peu
cliché. Mais que voulez-vous, je suis un écrivain
de
Rome. Je suis même le plus romain de tous les
écrivains du
monde ”, lance-t-il en souriant. Que
veut-il dire par
là ? Que cette ville l'enveloppe, le
protège,
l'inspire, le grise, le nourrit … Que rien n'existe
en
dehors d'elle parce que “ Rome
est une
île ”.
“ Chaque
dimanche, je tiens une rubrique dans un journal italien. Une rubrique
qui s'appele justement " Ile ", et où je
raconte une
peinture, un bar, une église ou simplement un arbre de
Rome. ” Aux éditions La
Fosse aux ours, en 2009, Lodoli a également
publié un Guide
vagabond de Rome, intitulé Iles lui aussi. Et
dans ses
livres, ses personnages sont aussi insulaires que lui. “ J'ai
toujours
vécu ici, je n'ai jamais quitté la ville,
même pas pour une heure ”,
confesse Amaranta dans le dernier, Les
Promesses. “ J'aurais
aimé voir Venise, Paris ou Jérusalem,
peut-être
tout bonnement Viterbe et Naples, qui ne sont pas très loin,
mais je n'en ai pas eu l'occasion, il doit bien y avoir une
raison. ” La raison, elle la
connaît. En quittant sa ville, Amaranta
aurait eu trop peur de “ ne
pas être au bon endroit pour mourir ”.
Car
c'est là qu'on viendra la chercher, c'est sûr. Et
elle ne veut pas
rater le rendez-vous.
(…)
☐ Florence Noiville,
“ Romancer
Rome ”, Le Monde
des livres, 22 novembre 2013
[en
ligne]
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Diario
di un millenio che fugge », Rome, Naples :
Ed.Theoria, 1986
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- « Îles :
guide vagabond de Rome », Lyon : La Fosse
aux ours, 2009
- «
Nouvelles îles : guide vagabond de
Rome », Lyon : La Fosse aux ours, 2016
- « Les
promesses - Sorella, Italia, Vapore »,
Paris : P.O.L, 2013
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mise-à-jour : 27
août 2019 |
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