Les pilotes de l'Iroise /
Edouard Corbière ; éd.
établie par Jacques-Remi Dahan. - Paris :
José Corti, 2000. - 245 p. ;
22 cm. - (Domaine romantique).
ISBN 2-7143-0710-8
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“ C'est un volume qui
sent le goudron. ”
☐ Revue de Paris, 18 mars 1832
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Le mot qui, pour le critique de la Revue
de Paris, devait stigmatiser le roman d'Edouard
Corbière sonne aujourd'hui comme une pressante
invite … Il fait respirer l'odeur,
évanouie depuis, d'un port breton en pleine
activité. Edouard Corbière en effet, avant de se
consacrer à l'écriture, avait navigué
pendant vingt ans, dans la Royale de 1802 à 1816,
puis comme capitaine dans la marine marchande (1823-1827). Ses
romans (plus d'une dizaine en six ans) puisent
une force singulière dans ces vies
antérieures.
L'intrigue du roman prend son essor “ un
jour que la brume d'automne, chassée par un vent d'Ouest
assez fort, commençait à s'étendre sur
les flots qui s'agitent presque continuellement entre l'île
d'Ouessant et le terrible Raz-des-Saints ”.
D'Ouessant, “ cette
autre Cythère ”, au Tropique du
Cancer avec sa “ multitude
d'îles et de rochers à peine connus de notre
froide Europe ”, se déploie un
récit fertile en rebondissements mélodramatiques
où le sort accable un frère et une sœur
sur fond d'hostilité séculaire entre Bretons et
Anglais.
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EXTRAIT |
Vers la fin de la paix de 1783, c'était
une bien bonne île qu'Ouessant, pour ceux qui l'habitaient,
et qui ne connaissaient qu'elle. Le tabac et le rhum y parvenaient en
franchise, avantage dont ne jouissaient pas, à coup
sûr, les fumeurs et buveurs du continent. Aussi il fallait
voir avec quelle luxueuse prodigalité les heureux insulaires
consommaient les denrées qu'ils se procuraient à
bas prix ! Lorsque les pêcheurs de sardines, de la
côte voisine, abordaient les bateaux d'Ouessant, que de pipes
se chargeaient ! combien de gorgées de rhum se flûtaient
entre les marins de Camaret ou de Douarnenez, et ceux de
l'île privilégiée !
C'était à Ouessant, cette autre
Cythère des consommateurs, qu'il fallait aller vivre pour
trouver le bonheur. Mais les paisibles habitants de ce lieu
aimé du ciel ne croisaient pas facilement leur race. Pour
obtenir droit de bourgeoisie parmi eux, il fallait s'être
illustré par plus d'une belle action, ou avoir rendu plus
d'un grand service à la patrie adoptive. L'espèce
aborigène enfin restait aussi intacte que celle de ces
chevaux-nains que produit l'île, et qui sont si
recherchés par les petites maîtresses de nos
riches cités 1.
☐ p. 57
1. |
L'île d'Ouessant n'est guère
connue dans l'intérieur que par ces jolis petits chevaux
qu'elle produit, et dont la race ne se perpétue
guère ailleurs. On raconte que c'est au naufrage d'un navire
qui amenait des petits-bidets arabes en Angleterre, que les naturels
d'Ouessant doivent l'avantage d'avoir naturalisé chez eux
une espèce de chevaux qui forme une des premières
richesses de leur pays (NdA). |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Les
pilotes de l'Iroise », Paris : Jules
Bréauté, 1832
- « Les
pilotes de l'Iroise » troisième
édition publiée sur un nouveau manuscrit de
l'auteur, Le Havre : G. Cazavan & Cie, 1865
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mise-à-jour : 1er
août 2005 |
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