Edgar Aubert de la Rüe

L'homme et les îles

Gallimard

Paris1935
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errances
Iroise
L'homme et les îles / Edgar Aubert de la Rüe ; photographies de l'auteur. - Paris : Gallimard, 1935. - 194 p.-32 pl. h.-t. : ill. ; 23 cm. - (Géographie humaine).

Aubert de la Rüe (1901-1991) était l' « homme des îles » par excellence, les connaissant toutes, sachant tout d'elles.

Les insulaires appréciaient la qualité et l'intérêt de son travail ; il a laissé auprès d'eux un sillage durable : on le retrouve aujourd'hui dans les souvenirs de ceux qui, à Saint Pierre et Miquelon, aux îles Australes ou au Vanuatu, l'ont accompagné dans ses travaux de recherche géographique ou géologique.

Sa connaissance intime des îles et de leurs habitants lui permet une mise en perspective qui rapproche ce qui, sur les atlas, paraît irrémédiablement distant, comme Miquelon, les Tuamotu et l'île de Sein — toutes dépassant à peine les flots et … menacées d'être balayées par la mer lors des grosses tempêtes.

EXTRAITS

Mme M. Desroseaux rappelait récemment le péril que court la population de l'île de Sein. Personne là-bas n'ignore cette menace et la catastrophe qui pourrait arriver si une violente tempête coïncidait avec une marée d'équinoxe, le point le plus élevé de l'île ne se trouvant qu'à 12 mètres de hauteur. La première offensive dont on se souvienne, de la mer contre Sein, date de 1756 et faillit mal tourner pour les insulaires. Le duc d'Aiguillon, alors gouverneur de Bretagne, ordonna l'évacuation de l'île, mais les habitants refusèrent délibérément de la quitter. Voyant cela, le gouverneur fit élever une puissante muraille afin de briser la violence des vagues ; c'est la digue du Rohic. Certains îliens songent encore avec épouvante aux tempêtes de 1865, 1879, 1896, 1912, 1924 et 1929. La dernière notamment fut accompagnée d'un raz de marée terrifiant. Alertés, les Ponts et Chaussées conclurent à la nécessité d'abandonner l'île. Personne cependant ne songea à s'enfuir. Les gens de Sein, pêcheurs de père en fils, préfèrent risquer leur vie que d'abandonner leur îlot environné de fonds poissonneux, leur maisonnette et le lopin de terre qu'ils cultivent péniblement.

p. 50

Avant la découverte de la Nouvelle-Calédonie par Cook, celle-ci n'avait pas de nom d'ensemble. Le même fait existait aux Nouvelle-Hébrides pour beaucoup d'îles. Ici, les Canaques n'avaient pas de désignation spéciale pour leur propre île, mais en donnaient aux terres qu'ils pouvaient apercevoir de chez eux. Une île, visible depuis trois ou quatre autres, pouvait donc avoir autant de noms différents. Ainsi […] l'île Tanna était appelée Itari par les habitants d'Erromango, île voisine, et Ekiamo par ceux de Futuna. L'origine du nom de Tanna, aujourd'hui adopté, est le fait d'une erreur commise par le capitaine Cook lorsqu'il s'arrêta dans l'île à la fin du XVIIIe siècle. Se trouvant dans la baie de Waisisi, il montra obstinément le sol du doigt aux indigènes qui l'entouraient, afin de leur faire comprendre qu'il désirait savoir le nom de leur île. Les Canaques présents finirent par répondre « Tanna », ce qui dans leur langue signifiait simplement le sol ou la terre.

[…]

Les navigateurs et les découvreurs d'îles ont souvent manqué d'imagination pour nommer les terres nouvelles en présence desquelles ils se trouvaient. Le nombre des îles portant le même nom est en effet considérable. Le fait est à la rigueur admissible quand il s'agit de terres éloignées, situées dans des mers différentes, mais il surprend quand il se produit dans le même groupe. Il existe ainsi dans l'archipel de Kerguelen plusieurs îles Verte et plusieurs îles Longue !

Certaines dénominations d'îles laissent rêveur. On trouve ainsi au nord de Céram un groupe de six îles madréporiques, appelé « Poulo Tudju », ce qui signifie « Les Sept Iles ». Les habitants, des pêcheurs originaires de Céram, affirment que leurs grands-pères ont toujours connu sept îles. On ignore absolument quand la septième a disparu.

pp. 19-20
TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉE
  • Introduction
  • Chapitre I - Le domaine insulaire
  • Chapitre II - Les îles fantômes et les îles éphémères
  • Chapitre III - Le peuplement des îles
  • Chapitre IV - L'habitat dans les îles
  • Chapitre V - Isolement et insularité
  • Chapitre VI - L'influence de l'homme sur la flore et la faune insulaires
  • Chapitre VII - Les races insulaires qui disparaissent
  • Chapitre VIII - Les îles, lieux de refuge et d'isolement
  • Chapitre IX - Les îles qui vivent essentiellement de la mer
  • Chapitre X - Les îles agricoles
  • Chapitre XI - Les îles qui doivent leur importance à leur position géographique
  • Chapitre XII - Diverses utilisations des îles
  • Chapitre XIII - Le tourisme insulaire
  • Chapitre XIV - Le régime politique des îles
  • Chapitre XV - Grandeur et décadence des îles
  • Index géographique des îles citées
  • Table des illustrations
ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
  • « Terres françaises inconnues : l'Archipel des Kerguelen et les possessions françaises australes », Paris : Sté Parisienne d'édition (Les Colonies françaises, 2), 1930
  • « Saint Pierre-et-Miquelon », Montréal : Ed. de l'Arbre (France forever), 1944
  • « Les Nouvelles Hébrides, îles de cendre et de corail », Montréal : Ed. de l'Arbre (France forever), 1945
  • « Les Terres Australes », Paris : Presses universitaires de France (Que sais-je ? 603), 1953
  • « Deux ans aux Iles de la Désolation, archipel de Kerguelen », Paris : Julliard (Sciences et voyages), 1954
  • « Tahiti et ses archipels », Paris : Horizons de France (Visages du monde), 1958
  • « Saint Pierre-et-Miquelon : un coin de France au seuil de l'Amérique », Paris : Horizons de France (Visages du monde), 1963

mise-à-jour : 24 juillet 2019

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