J'y suis presque
/ Nuala O'Faolain ; trad. de l'anglais (Irlande) par Stéphane
Camille. - Paris : Sabine Wespieser, 2005.
ISBN 2-84805-031-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Le succès inattendu de son
premier récit a changé la vie de Nuala O'Faolain :
d'éditorialiste solitaire les pieds solidement ancrés
dans la terre irlandaise, elle est devenue une écrivaine
reconnue, vivant une partie de l'année aux Etats-Unis.
Avec ce deuxième livre
de mémoires, l'auteure tente de mettre de l'ordre dans
le chaos de sa nouvelle vie : elle évoque avec la
lucidité qui la caractérise les effets — ou
les méfaits — du succès, nous entraîne
dans les coulisses de Chimères, son magistral roman,
s'interroge sur l'avenir de sa relation avec son nouveau compagnon
et sur sa faculté à s'adapter au « nouveau
monde ». Car rien n'est gagné, et si elle y
est presque, ce n'est pas sans souffrances : c'est sans
doute au fantôme de sa mère, morte misérable
sans avoir pu échapper à ses démons, qu'elle
doit la sourde nostalgie de sa vie passée.
Nuala O'Faolain écrit
un livre intelligent, drôle, féroce, émouvant,
honnête et généreux sur la période
de la vie qu'elle traverse : « La cinquantaine,
c'est l'adolescence qui revient de l'autre côté
de la vie adulte — le serre-livres correspondant —
avec ses troubles de l'identité, ses mauvaises surprises
physiques et la force qu'il faut pour s'en accommoder ».
Et si, à ses lecteurs
fidèles, elle donne le sentiment de retrouver une vieille
amie, à qui le succès n'est pas monté à
la tête, chemin faisant, elle construit une œuvre littéraire
remarquable qui s'ancre au cœur d'une réflexion très
contemporaine sur le rapport à la fiction : J'y
suis presque est avant tout le roman d'une vie, la sienne,
mais aussi un miroir pour beaucoup d'autres.
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DELPHINE HEITZ : Un an après la traduction de Chimères,
son merveilleux roman, Nuala O'Faolain revient avec son troisième
livre, à nouveau des Mémoires, comme sa première
publication, On s'est
déjà vu quelque part ? On retrouve
dans ce récit autobiographique les thèmes chers
à l'écrivain : la difficulté d'être
une femme et une Irlandaise, la présence obsédante
et destructrice de la mère défunte, l'exil qui
ne libère jamais des racines, le rapport aux hommes et
le défi d'avoir encore des espoirs et des désirs
quand on dépasse la cinquantaine.
[…]
Là où beaucoup
d'auteurs d'autofiction se réfèrent à la
citation de Rimbaud en clamant que « Je est un autre »,
Nuala O'Faolain, préférant le terme désuet
d'autobiographie, admet avec une détermination si téméraire
qu'elle en devient humilité que son « je »
n'est rien d'autre qu'elle-même. L'exercice se fait alors
confession, sans que le lecteur ne sache jamais s'il en est le
destinataire, le déclencheur ou s'il n'est que l'auditeur
privilégié et secret d'un monologue intérieur.
Mais à ne parler que du
genre littéraire de J'y suis presque, on omet de
dire à quel point Nuala O'Faolain est avant tout un écrivain,
de ceux qui savent rendre vivante toute matière morte.
☐ Le Magazine littéraire, 439, février 2005
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Almost there :
the onward journey of a Dublin woman », London :
Michael Joseph, 2003
- « J'y suis presque », Paris : 10/18 (Domaine étranger, 4028), 2007
- « J'y suis presque », Paris : Sabine Wespieser (SW poche), 2016
| - « On
s'est déjà vu quelque part ? »,
Paris : Sabine Wespieser, 2002 ; Paris : 10/18
(Domaine étranger, 3753), 2005 ; Paris : Sabine Wespieser (SW poche), 2015
- « Chimères »,
Paris : Sabine Wespieser, 2003 ; Paris : 10/18
(Domaine étranger, 3934), 2006 ; Paris : Sabine Wespieser (SW poche), 2017
- « L'histoire
de Chicago May », Paris : Sabine Wespieser,
2006 ; Paris : 10/18
(Domaine étranger, 4127), 2008
- « Best love Rosie », Paris : Sabine Wespieser,
2008 ; Paris : 10/18, 2010
- « Ce regard en arrière, et autres écrits journalistiques », Paris : Sabine Wespieser,
2011 ; Paris : 10/18, 2013
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mise-à-jour : 23 mai 2017 |
Née
à Dublin en 1940, Nuala O'Faolain est
décédée le 9 mai 2008. En 2006, elle annonçait
dans Libération le thème de son dernier livre (Best love Rosie, à paraître en août 2008 aux éd. Sabine Wespieser) : « J’ai
passé l’été dans mon cottage de
l’ouest de l’Irlande à penser à la
vieillesse, sujet sur lequel je souhaite écrire si je
réussis à trouver le ton adéquat de comédie
horrifiée ». |
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