L'histoire
de Foxy Moll / Carlo Gébler ; traduit de l'anglais
(Irlande) par Bruno Boudard. - Paris : Joëlle Losfeld, 2015.
- 385 p. ; 22 cm. ISBN 978-2-07-249725-4
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Au premier plan de son roman, Carlo
Gébler dresse un lumineux portrait de femme : celui de Mary
McCarthy — Foxy Moll — exposée dès son plus jeune âge aux mauvais
vents de la vie, auxquels elle répond avec une discrète
énergie, avec loyauté, lucidité, amour,
dignité.
Mais
l'arrière-plan est sordide. La société
qu'évoque Carlos Gébler s'accommode, au nom de la
bienséance, des pires compromissions ; il y a d'abord les
hommes qui approchent Mary en quête de réconfort
puis se résignent un jour à prendre le large par peur du
scandale ; il y a surtout les gardiens de l'ordre
— l'église, la police, la justice. Quand Mary est en
grave danger, tous savent, personne n'agit ; quand le crime est
commis, tous laissent un innocent en payer le prix — de sa vie.
Carlos
Gébler s'est inspiré d'une histoire tristement
réelle dont les principales données ont été
réunies et rapportées par Marcus Bourke (cf. ci-dessous, complément bibliographique). La construction dramatique et l'écriture sont les apports les plus remarquables de Carlo Gébler.
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EXTRAIT |
Interrogatoire du commissaire Mahony
(…)
QUESTION : (…) Vos voisins qui sont de l'autre
côté de la route, les Condon, ils ne sont pas très
contents eux non plus de la façon dont vous vous occupez de vos
bêtes. RÉPONSE : Ils ne nous ont rien dit.
QUESTION : Encore une fois pas à vous. Mais ici, nous
entendons parler de certaines choses. Nous entendons parler de tout.
Tout ce qui embête les gens, tout ce qui les ronge, ils viennent
nous le dire. Et nous entendons beaucoup parler de vous. Beaucoup. Les
gens ne vous aiment pas. Et ce n'est pas seulement à cause de
vos bêtes. Est-ce que vous me comprenez ? RÉPONSE : Non, je ne vous comprend pas. Je n'ai pas mis le feu à ma maison.
QUESTION : Voulez-vous bien arrêter un peu et
écouter, pour une fois, au lieu de toujours ouvrir la bouche
pour sortir tout ce qui vous passe par la tête ? RÉPONSE : J'ai dit ce que j'avais à dire.
QUESTION : Mais pas moi. Maintenant, écoutez. Votre
manière de vous conduire, ces enfants — vous en avez
trois, c'est bien ça ? Ce n'est pas bien, ce n'est pas
chrétien et les gens n'aiment pas ça, surtout les femmes,
à cause de votre comportement. Ce sont leurs hommes, leurs fils,
leurs pères, leurs maris, que vous dévoyez. Vous vous
êtes fait des ennemis. Vous devez prendre garde à vous.
C'était un avertissement. Et on a aussi mis le feu à une
maison vide, non loin de l'école primaire de Knockgraffon, pour
que vous ne puissiez pas vous y réfugier au cas où la
vôtre serait détruite. Si vous meniez une vie
différente, vos ennuis cesseraient. Je vous dis tout cela
à titre amical, vous comprenez ? Changez votre mode de vie
et j'essaierai de trouver qui a fait ça. Est-ce que vous
comprenez ? RÉPONSE : Merci, monsieur le commissaire.
Cette déposition m'a été relue et elle est exacte.
Mary Moll McCarthy
☐ pp. 118-119 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « The dead eight », Dublin : New island books, 2011
- « Comment tuer un homme » Paris : Phébus, 2002, 2011
- « Exorcisme », Paris : Phébus, 2001
- Marcus
Bourke, « Murder at Marlhill : was Harry Gleeson
innocent ? », Dublin : Geography publications, 1993
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mise-à-jour : 27 mai 2015 |
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