NOTE
DE L'ÉDITEUR : C'est le
cliché sépia d'une anglo-polynésienne,
achetée aux enchères par l'auteur, qui le pousse
à partir, soudain, sur les traces de Paul Gauguin. Qui
était cette jolie vahiné ? Et surtout,
pour quelle raison l'artiste peignit-il le visage cireux de son fils,
Aristide, dit Atiti, le jour de sa mort à Papeete ?
Quel écho intime ce tableau éveille-t-il chez
Jean-Luc Coatalem, qui comme Gauguin connut la Bretagne et les
archipels de Polynésie ?
Commence alors une traque,
méticuleuse, réaliste mais fulgurante,
où l'on comprendra que Gauguin, petit-fils de Flora Tristan,
« Inca » halluciné,
« Péruvien à la bourse
plate », fuit la réalité pour
se trouver lui-même, renverse tous les clichés sur
l'exotisme, à en perdre la raison, jusqu'au fonds du puits
du Jouir, où l'auteur retrouve intacte sa seringue de
morphinomane.
Quelle traque !
Quelle enquête, mystique et
géographique ! Bretagne, Hollande, Danemark,
Panama, Martinique, Tahiti, et les lointaines mers du Sud, avec pour
compagnons, les peintres, les créanciers, les marchands du
culte, des vahinés, l'océan, la solitude. Un
Gauguin affairiste courant après la vente ? Un
Gauguin père de famille, abandonnant ses cinq enfants
à Copenhague ? Un Gauguin
réconcilié avec lui-même, peintre
apaisé, dont la main fut guidée par les dieux
Maori ? Quel est le vrai Gauguin ? Et si son
appétit pour l'ailleurs, pour « le grand
Divers » cachait une autre faim ? Comme
l'écrivit Gauguin : « On
rêve et on peint
tranquillement ».
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JEAN-MICHEL
BARRAULT :
[…]
Plusieurs biographies ont
été consacrées au peintre. Coatalem
s'en démarque. Il est le compagnon intime de Gauguin. On
dirait un petit-fils feuilletant les papiers de famille afin de revivre
avec tendresse l'existence tumultueuse et passablement scandaleuse d'un
ancêtre génial et sulfureux. Aussi bien l'auteur
mêle-t-il sa propre recherche et l'itinéraire de
l'homme qu'il admire et qu'il aime.
Au hasard de ses reportages,
il va contempler les œuvres exposées à
New-York, Tokyo, Saint-Pétersbourg, Munich ou Buenos Aires,
où est accrochée Vahine no te miti ...
[…]
☐ Le
Figaro littéraire, 25 octobre 2001
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PHILIPPE
DAGEN :
[…]
On pourrait
épiloguer sur les raisons qui font que Coatalem
écrit ce livre sur ce peintre aujourd'hui. Sans doute en
est-il de biographiques, que l'auteur désigne
explicitement : il est breton, il a vécu son
enfance en Polynésie. Si fortes ont-elles
été pour lui, elles ne sont cependant que
circonstancielles. On peut se plaire à en imaginer d'autres.
La société occidentale du dernier tiers du XIXe
siècle ressemble par bien des points à
l'actuelle : uniquement préoccuppée
d'augmenter sa prospérité matérielle,
elle asservissait le reste du monde et ne tolérait que
d'honnêtes serviteurs et des artistes aimables pour
décorer ses intérieurs. Nous en sommes
à peu près au même point. Donc Gauguin,
sa peinture et ses colères sont nécessaires.
☐ Le Monde des livres, 16
novembre 2001
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