Gavin Young

Sur toutes les mers du monde

Payot

Paris, 1992

bibliothèque insulaire

      

errances
Sur toutes les mers du monde / Gavin Young ; trad. de l'anglais par Gérard Piloquet. - Paris : Payot, 1992. - 435 p. : carte ; 21 cm. - (Voyageurs).
ISBN 2-228-88523-1

Compagnon de ma jeunesse, Robert Louis Stevenson était toujours à mes côtés [...]. Dans ma valise de métal j'avais aussi placé “ Typee ou les îles Marquises ”, de Melville, “ La croisière du Snark ”, de Jack London, et le “ Journal intime ” de Gauguin.

Prélude, p. 21


Le 
périple maritime de Gavin Young [1928-2001] va de Hong Kong à Plymouth via la Nouvelle Guinée, la Nouvelle Bretagne, les îles Salomon, les Fidji, les Samoa, Tahiti et les Marquises, puis le Cap Horn et, enfin, Sainte Hélène.

Son long 
séjour aux Samoa, dans la compagnie alternative de Stevenson et d'une famille attentionnée et accueillante, est empreint d'une coloration idyllique qui n'apparaît plus dans la suite de son voyage, en Polynésie française … Seule la référence au passé, par le truchement de London, de Melville ou de Gauguin, y compense un sensible désenchantement. Mais ce partage apparent du monde océanien semble bien être le reflet, à peine estompé, d'une déchirure profonde de l'occident : les Samoa sont sous emprise anglophone et protestante, Tahiti et surtout les Marquises sous emprise francophone et catholique …

NOTE DE L'ÉDITEUR : […]

Les esprits maussades répètent volontiers que le monde est devenu trop petit. Gavin Young démontre amplement qu'il n'en est rien. Armé d'un humour et d'une témérité typiquement celtiques, mais aussi d'un extraordinaire don de sympathie pour tous les paumés de la création, il doit déployer du génie à chaque instant pour se tirer d'affaire au cours de cette plongée dans l'humanité grouillante des ports du bout du monde, au péril de caboteurs branlants et de trafiquants énigmatiques.

[…]

GAVIN YOUNG : […]

— Pourquoi cette fantaisie d'aller en Chine par bateau, comme au XIXe siècle ?
— Un jour, à bord d'une embarcation baloutche hors d'âge, un marin m'a posé à peu près la même question. Tout le monde prend l'avion, pourquoi pas moi ? Mon arabe rudimentaire ne me permettait pas de lui citer Graham Greene ou Kipling. Je lui ai dit : “ Pour vous rencontrer ”. Il a parfaitement compris. Loin de chez soi, l'étrangeté de l'étranger est un déguisement subtil, qui permet d'être soi-même. Ailleurs, votre appartenance sociale, votre éducation et même votre compte en banque ne valent plus grand-chose. Reste la vérité humaine, la table rase de l'anonymat.

— Mais pourquoi le bateau ?
— C'est le caviar du voyage. Une manière d'accepter le facteur temps en vivant l'imprévu des relations et des amitiés qui se nouent.

— N'avez-vous pas eu envie de rebrousser chemin en arrivant en Grèce dans la cohue touristique ?
— C'était si drôle, cette arrivée à Patmos par le ferry des îles. Aux yeux des locaux et des vacanciers, je me faisais l'effet d'être le plus étrange, le plus exotique des personnages. J'étais seul, et non en groupe, ce qui semblait inimaginable aux logeuses grecques qui se pressaient au débarcadère. “ Où sont vos amis ? ” m'a demandé l'une d'elles. Et moi : “ Je n'ai pas d'amis ”. Des mots que l'on dit avec un petit pincement, malgré tout. Je suis donc resté en rade sur le quai jusqu'à ce qu'une dame, venue de nulle part, me propose sa maison bleu et blanc.

[…]

Propos recueillis par Philippe Coste — “ Gavin Young : l'aventure est éternelle ”, L'Express, 15 juillet 1993 [en ligne]
EXTRAIT

La femme de chambre de l'hôtel Tahiti (une Tahitienne) a vu sur la table de nuit mon livre de textes et reproductions des toiles et croquis de Gauguin.

   « C'est M. Gauguin, le peintre [en français dans le texte] ? »
J'ai ouvert le livre pour lui montrer des photographies en couleur de Tahiti aujourd'hui, m'attendant à ce qu'elle les admire davantage que le reste. Mais non Elle s'est attardée longuement sur un portrait représentant deux femmes.
    « Ah, elles étaient jolies, les femmes, à cette époque ! s'est-elle écriée. Celle-là, c'est la maman de l'autre. Ou alors sa sœur. »
Elle a aimé tout particulièrement la sculpture sur bois de Hina, la déesse-lune, et de Fatu, l'esprit chtonien.
    « Hina et Fatu ! a-t-elle répété. Hina et Fatu ! »
Il y avait autrefois aux Marquises de nombreuses sculptures sur bois représentant les dieux et les ancêtres. Stevenson les avait vues. La vallée de Taïpi-vai, qu'Herman Melville orthographiait Typee, était située sur l'île de Nuku Hiva, et la tombe de Gauguin sur celle d'Hiva Oa. C'était là que je voulais aller.

pp. 269-270

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Slow boats home », Londres : Hutchinson, 1985

mise-à-jour : 28 janvier 2020

   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX