Le voyage de
Magellan (1519-1522) : la relation d'Antonio Pigafetta
&
autres témoignages / éd. établie par
Xavier de
Castro, Jocelyne Hamon et Luís Filipe Thomaz ;
préface de Carmen Bernand et Xavier de Castro. -
Paris :
Chandeigne, 2007. - 2 vol. (1086 p.) : ill.,
cartes ; 22 cm. - (Magellane).
ISBN
978-2-915540-32-1
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Voici
que
l'océan engendre de nouvelles
merveilles …
☐ Pietro
Martire d'Anghiera
— Tome II,
p. 921 |
NOTE DE L'ÉDITEUR :
Magellan est le plus connu des navigateurs, son voyage la plus
extraordinaire des aventures ; cependant, de nombreuses
approximations circulent malheureusement dans tous les ouvrages de
vulgarisation sur le sujet. Les sources directes sont pourtant
relativement nombreuses ; mais, éparses et souvent
difficiles d’accès, toujours lacunaires, elles
n’avaient jamais été
rassemblées.
Il faut rappeler que
Magellan avait pour ordre exprès de rejoindre par
l’ouest
les Moluques et de revenir par la même voie. Il n’a
sans
doute jamais projeté de faire un tour du monde. Son
décès prématuré ne lui
permettra pas de le
réaliser, et Juan Sebastián Elcano en recevra les
honneurs au retour à Séville de la Victoria,
seul navire rescapé. L’exploit du navigateur est
d’avoir résisté à ses hommes
et aux
éléments pour découvrir le
détroit
sud-américain qui portera son nom, et d’avoir
traversé pour la première fois le Pacifique. Ce
faisant,
il n’a pas voulu prouver que la Terre était ronde
— connaissance acquise depuis les
Grecs —, mais
il a montré qu’elle était
circumnavigable, ce qui
n’est pas la même chose …
La
traversée du Pacifique fut très longue et
éprouvante : plus de trois mois sans toucher terre 1.
La surprise de Magellan ne fut pas de découvrir un
océan
aussi vaste, mais de naviguer sur une mer déserte. Par
chance,
grâce à l’ingestion d’un
puissant
anti-scorbutique récolté dans le
détroit de
Magellan, le nombre des décès fut très
faible.
Parvenu aux Mariannes, puis aux Philippines, Magellan surprend alors
par son comportement : au lieu de se diriger droit sur les
Moluques, comme les instructions royales l’exigeaient, il
remonte
vers le nord, erre d’île en île, et
désobéit une nouvelle fois aux ordres en
combattant les
indigènes de l’île de Mactan. Dans cet
épisode, Magellan trouve une mort que l’on
qualifierait
aujourd’hui
d’ « idiote ».
Mais
ne l’a-t-il pas provoquée sciemment ?
A-t-il compris
à ce moment qu’il n’était
déjà
plus dans l’hémisphère espagnol, que
son voyage
était un échec et qu’il ne pouvait
rentrer ni chez
lui, où il était un
« traître », ni en
Espagne après
avoir maté dans le sang une mutinerie sur la côte
patagonique ? Ou bien cherchait-il simplement à
affermir
les liens politiques avec les souverains de la région, voire
à conquérir des domaines dont la gouvernance lui
serait
revenue ? Quoi qu’il en soit, la confrontation des
sources
et des commentaires s’avère passionnante sur ces
questions
cruciales qui n’auront jamais de réponses
définitives …
Rappelons
enfin que sur les 237 marins embarqués sur les quais de
Sanlúcar, à bord de cinq navires, 90 revinrent
vivants : 55 sur le San
Antonio,
dont l’équipage déserta dans le fameux
détroit, et 35 qui firent effectivement le tour du
monde ;
les autres moururent en route ou disparurent dans les îles de
l’Extrême-Orient. Parmi ces survivants, les
principaux
furent interrogés par des juges ou des chroniqueurs qui
transcrivirent leurs déclarations, certains
laissèrent de
brefs récits manuscrits.
C’est
l’ensemble de ces textes qui sont ici publiés,
accompagnés des cartes de l’époque et
d’une
riche iconographie.
1. |
Entre
la sortie du détroit qui depuis porte son nom et les
îles
Marianne, à l'extrémité occidentale du
Pacifique,
Magellan ne relève que deux îles — les îles
Infortunées ;
plusieurs localisations ont été
proposées, dans l'archipel des Tuamotu ou aux
Kiribati.
Simon Leys (cf. ci-dessous) suggère Pitcairn et Henderson
island … |
|
SIMON
LEYS
: […]
Je viens
d'achever la lecture du monumental Voyage
de Magellan (1519-1522), […].
Deux volumes — mille pages —
d'une édition
savante de tous les témoignages d'époque (version
française ancienne, traductions modernes de l'espagnol, du
portugais et du latin) ; l'introduction, le commentaire et les
notes géographiques, historiques, linguistiques et
anthropologiques donnent une information riche, complète,
rigoureuse et passionnante : la précision et la
clarté du travail sont tout simplement prodigieuses.
[…]
Le
dépaysement, l'exotisme le plus radical ne sont pas ici
le
fait de peuplades lointaines parlant des langues
incompréhensibles et cultivant de bizarres pratiques
religieuses, sexuelles et autres : non, c'est bien
plutôt le
degré auquel Magellan et ses compagnons nous paraissent inconnaissables.
Dans une lettre à une femme de lettres qui
écrivait des
romans historiques, Henry James souligne très courtoisement
l'essentielle impossibilité de son entreprise : «
Vous pouvez multiplier les " petits faits " qu'on
peut
trouver dans les peintures, documents, objets et gravures, tant que
vous voulez — la chose réelle est presque
impossible
à faire, et son effet se réduit essentiellement
à
zéro. Je veux dire l'invention, la représentation
d'une
CONSCIENCE ancienne, l'âme, le sentiment, l'horizon, la
vision
qu'avaient des individus dans l'esprit desquels la moitié de
ce
qui meuble notre esprit est absent. Vous devez vous figurer, avec votre
équipement moderne, un homme, une femme
— ou
plutôt cinquante — dont le mode de
pensée
était intensément conditionné d'une
autre
façon ; vous devez les simplifier par un
extraordinaire
tour de force — et même ça,
c'est encore une
forme d'escroquerie … »
Ce qui
fait la bouleversante puissance du présent livre,
c'est
justement qu'il est « la chose
réelle »,
dans tout son mystère.
[…]
☐ Dans le
sillage de Magellan, Le Figaro
littéraire, 8 mai 2008
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SOMMAIRE |
TOME I
Préface,
p. 7
La
relation de Pigafetta, p. 77
Les
premières cartes des Moluques, p. 263
Cartes
de l'itinéraire, p. 285
Notes,
p. 299
Les
équipages, p. 477
Les
navires et leurs équipements, p. 515
Chronologie,
p. 531
Glossaire,
p. 539
TOME II
Note d'introduction, p. 551
Premières
informations : la mutinerie de San Julián et le
retour en Espagne du San
Antonio
- Lettre de
Juan López
de Recalde à Juan Rodríguez de Fonseca,
l'informant de
l'arrivée à Séville du San Antonio [12 mai
1521], p. 555
- Instruction
ouverte le 17 avril 1520, sur ordre de Magellan, sur la mutinerie de
San Julián [22 mai 1521], p. 569
Lettres
des souverains des Moluques aux autorités portugaises
(1514-1522)
- Lettre du
sultan de Ternate Bayan Sirrullah à dom Manuel (1514),
p. 586
- Lettres
des rois de Jailolo,
Ternate et Makian à Lopo Soares de Albergaria, gouverneur de
l'Inde portugaise (c. 1517), p. 588
- Lettre de
Bayan Sirrullah à Garcia de Sá, capitaine de
Malacca (1520), p. 590
- Lettre du
sultan Abu Hayat, fils de Bayan Sirrullah, au roi de Portugal (1521),
p. 592
- Lettre du
sultan Abu Hayat
annonçant au roi de Portugal l'arrivée des
Espagnols
à Ternate (1522), p. 595
Les
relations et témoignages des compagnons de voyage de Magellan
- La lettre
de Giovanni Battista (Tidore, 21 décembre 1521),
p. 599
- Le
récit de Martín de Ayamonte (Malacca, 1er
juin 1522), p. 603
- La lettre
d'Elcano (Sanlúcar de Barrameda, 6 septembre 1522),
p. 613
- Les
dépositions d'Elcano, Albo et Bustamante au retour de la Victoria
(Séville, 18 octobre 1522), p. 617
- Le livre
de la nef Victoria
rapportant les traités de paix & amitiés
entre les
rois, rédigé par Martín
Méndez, p. 631
- Le journal
de bord de Francisco Albo, p. 659
- La
relation de Ginés de Mafra, p. 697
- Le carnet
de bord du pilote génois, attribué à
Leone Pancaldo, p. 733
- Le
manuscrit de Leyde, rédigé par Fernando de
Oliveira, p. 757
- La
relation du Portugais anonyme publiée par Ramusio,
p. 783
Le
destin des rescapés de la Trinidad
(témoignages complémentaires)
- La
malheureuse tentative de traversée du Pacifique,
p. 791
- Lettres
d'Antonío de Brito (1522, 1523, 1525), p. 799
- Lettres et
déclarations de Gonzalo Gómez de Espinosa, Leone
Pancaldo, Giovanni Battista & Ginés de Mafra
(1525-1527),
p. 835
- Dépositions
de Gonzalo
Gómez de Espinosa, Leone Pancaldo & Ginés
de Mafra sur la possession des Moluques (1527), p. 859
Les
premières relations imprimées
- La lettre
de Maximilianus Transylvanus (1523), p. 883
- La
chronique de Pietro Martire d'Anghiera (1530), p. 919
La
chronique de Herrera
- Le voyage
de Magellan dans l'Historia
General de las Indias (1601), p. 943
Bibliographie, p. 1017
Index général (onomastique,
géographique et thématique), p. 1053
Index des illustrations, p. 1085 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le
voyage de Magellan (1519-1522) : la relation d'Antonio
Pigafetta » éd. établie
par Xavier de Castro, Paris : Chandeigne (Magellane poche),
2018
- « Le
voyage de Magellan (1519-1522) : la relation d'Antonio
Pigafetta
& autres témoignages » éd. établie
par Xavier de Castro, Paris : Chandeigne, 2010
(édition
remaniée)
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- Romain
Bertrand, « Qui a fait le tour de quoi ?
L'affaire Magellan », Lagrasse : Verdier,
2020
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mise-à-jour : 7
janvier 2021 |
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