« Partir … », le chapitre inaugural, s'il peine à lâcher les
amarres, laisse deviner la tension d'un réel appétit
de découverte ; présumé « coupable »,
l'itinéraire projeté pourrait en effet fournir
à l'auteur, l'occasion de s'étonner, « de
la couleur du ciel ou des regards ».
Le périple insulaire de
Jean-Claude Guillebaud traverse l'océan Pacifique d'est
en ouest, puis du sud au nord : Tahiti, les îles Australes, les îles
Cook, Niue, les Samoa, Wallis, les Fidji, la Nouvelle Calédonie,
le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle Guinée et les îles
Hawaii.
Au retour, empreint de désenchantement
— « des milliers d'îles aspirées
l'une après l'autre, et gratuitement, dans le grand concasseur
des différences ; pressées de se brancher
sur les ordinateurs de la modernité » —,
l'auteur trouve réconfort et sérénité
au contact de la terre natale et de séductions que n'entame
pas la marche du temps : « J'ai poussé
la porte et posé mes valises. Une odeur de tilleul arrivait
de la cour. Quelle envie de balade, tout d'un coup sur ces " routes
irisées " dont Chardonne savait parler. (…)
Il n'y a plus d'îles, d'accord, la nouvelle n'est pas gaie.
Il faudra faire avec ce que l'on a et mieux choisir ses bagarres.
Faut-il pour autant être triste ? En navigant au milieu
des prés et des moissons, en retrouvant subitement cette
douce marqueterie de bosquets, rivières et " palisses ",
je me suis senti scandaleusement rasséréné.
Pire que cela, patriote, chauvin et réactionnaire …
Honte à moi ! J'aurais donné ce soir-là
tout ce qu'il reste des mers du Sud pour un hectare de Charente.
Rien n'est perdu ».
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Un voyage en Océanie », Paris : Seuil (Points, Actuels, 49), 1982
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