AGENCE TAHITI PRESSE, 7 novembre 2002 : « C'est le résultat d'une quinzaine d'années de recherche, de compilation et de rédaction », déclare Jean-Paul Delbos qui dédicace samedi 9 novembre 2002 à Papeete, son ouvrage La Mission du bout du monde, décrivant l'aventure des bâtisseurs dans l'archipel des Gambier.

Avec la passion qui anime les historiens, Jean-Paul Delbos […] a présenté l'œuvre historique qu'il a réalisée sur le témoignage du frère Gilbert Soulié, spectateur privilégié et acteur de l'installation du catholicisme en Océanie au XIX^e siècle.

Il raconte cette page d'histoire, les labeurs, les privations et les luttes que ces fanatiques de Dieu durent mener aux îles Gambier pour construire — puis voir s'effriter et disparaître avec eux — un royaume dont les constructions et les vestiges laissent pantois, aujourd'hui encore, les voyageurs qui ont la chance de visiter l'île de Mangareva. « Ce n'est pas un livre religieux » précise Jean-Paul Delbos, « mais un témoignage du frère Gilbert Soulié qui investit sa vie à construire des cathédrales, églises et couvents dans ce petit archipel perdu au milieu du Pacifique avec l'aide d'une population alors réputée cannibale ».

« Le présent récit n'a pas l'ambition de rivaliser avec le monument que constituent les Mémoires pour servir à l'histoire de Mangareva rédigés par le Père Laval de 1834 à 1871. »

Publié par les Éditions de Tahiti, La Mission du bout du monde de Jean-Paul Delbos d'après le cahier de Gilbert Soulié, frère bâtisseur en Océanie de 1835 à 1863 est une édition revue et corrigée du livre Mon clocher de Mangareva publié en 1989 et qui est épuisé.

ALEX DU PREL : […]

Un matin de 1834, trois hommes posèrent le pied et s'installèrent dans l'archipel des Gambier peuplé de Polynésiens réputés très « sauvages », avec comme seuls bagages un habit laïc chacun, quelques soutanes, un ornement complet de vases sacrés et soixante bouteilles de vin de messe ! C'étaient les religieux de la congrégation des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie, dits « Frères de Picpus ». L'année suivante, Gilbert Soulié, auteur du cahier qui est la base de ce livre, rejoignit le groupe de missionnaires et pendant 30 années nota tout, véritable « reporter » de son temps. Sans le vouloir, il relève comment le Père Laval contrôlait tout, même la « reine » dont il écrivait les lettres et qu'il utilisait comme « paravent ». Peu avant sa mort, le père Soulié raconte comment les jeunes de l'île « volent » pirogues et canots pour fuir l'île devenue prison.

[…]

☐ Tahiti Pacifique Magazine, 139, novembre 2002