Campagne
dernière / Marc Trillard. - Paris : Phébus, 2001. -
294 p. ; 21 cm. - (D'aujourd'hui).
ISBN 2-85940-751-0
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Victor
Levantin, médecin de son état, vit avec le sentiment que
la société confortable et pacifiée où il a
fait son chemin — celle qui prévaut dans quelques pays
privilégiés servant de modèle au reste du monde
— n'est, pas faite pour lui. Le seul confort qu'il cherche est
celui des peaux sombres librement offertes à l'amour, aux lentes
et longues caresses ; et la paix selon son cœur ne saurait
exister que sous un ciel où la lutte pour la vie accepte de
prendre en compte les bienfaits d'une sainte paresse.
Voilà pourquoi
il a quitté la métropole il y a dix ans de cela
pour aller s'établir à la Concorde, modeste îlot
perdu sous le tropique, où la France persiste à
faire flotter son drapeau. Il y exerce sa profession sans souci
de carrière, et consacre son loisir aux beautés
locales, jeunes merveilles à qui la civilisation n'a encore
enseigné ni les méchants calculs ni la pudibonderie.
Une vie sans histoires, qui avec l'âge pourrait bien tourner
elle aussi à l'ennui, si la marche du monde, en son caprice,
ne venait la détourner soudain de cette issue attendue.
L'îlot endormi dans son rêve immobile est réveillé
par la venue d'un nouveau préfet à poigne, qui
prétend agir au nom de l'avenir. Sans trop se soucier
de savoir si les natifs de l'île sont prêts à
s'engouffrer dans l'inconnu prometteur qu'il fait miroiter à
leurs yeux …
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MICHEL GUILLOUX : […]Territoire
imaginaire, l'île de la Concorde, cadre de ce […] roman,
l'est à plus d'un titre. Située en un lieu improbable au
large de l'Angola, elle est un concentré de ce que la France
est, a été et n'est plus, mélange d'Antilles et de
Réunion, de Mayotte et de Guyane, avec ses petits Blancs, ses
descendants d'esclaves, ses nuits envoûtantes dans les bars et
les boîtes, ses emblèmes et rites républicains
désuets, ses avenues Schœlcher et sa caserne Weygand.
Alors quoi ? Le retour de cinquantaine du narrateur et son
attirance pour l'alcool et les jeunes corps ambrés vont-ils
ressusciter un récit hors d'âge, dans l'air du temps par
ailleurs, sur les « paradis perdus »
retrouvés dans les délices de l'exotisme
mondialisé ?[…]
l'écriture, chez Marc Trillard, chemine de manière
souterraine, creuse ses galeries, fouaille la langue et l'âme
humaines. Il y a de la sensualité à profusion dans ces
pages. Mais expert en fausses pistes — il faut se perdre
pour se trouver, après tout —, l'écrivain pose
les prémices de son œuvre, la description truculente de ce
petit paradis loin de Paris, comme autant de mines.[…]→ « Marc Trillard bat la campagne », L'Humanité, 4 octobre 2001
| COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Campagne dernière », Paris : Phébus (Libretto), 2006
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mise-à-jour : 14 mars 2018 |
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