NOTE DE L'ÉDITEUR : Excentrées, isolées
au Nord de la Polynésie française, les Marquises
— Enua Enana, la Terre des Hommes —,
présentent une topographie saisissante d'îles déchiquetées
surgies de l'océan Pacifique. Archipel le plus éloigné
de tout continent, il dépend de l'extérieur, surtout
de Tahiti.
Découvertes au XVIe siècle
par les Espagnols, colonisées par la France et évangélisées
par l'Eglise catholique au XIXe, les Marquises vécurent
au rythme des cycles économiques apportant santaliers,
baleiniers et épidémies. Sous le choc, la population
marquisienne fut rapidement décimée et, par contre
coup, sa riche culture manqua de disparaître. Un flux migratoire
vers Tahiti vida l'archipel de ses forces vives durant des décennies.
Malgré tout, les 8 000 Marquisiens entretiennent
avec force une culture originale au travers de chants, danses,
tatouages, d'un artisanat créatif ... Les touristes,
peu nombreux (2 000 par an), ont la chance de partager d'intenses
moments lors de manifestations comme le Festival des Marquises,
où la population du Triangle maori (Hawaii, Nouvelle-Zélande,
île de Pâques) se retrouve pour affirmer son identité
culturelle.
L'économie marquisienne
est une économie artificielle, une économie de
rente. L'archipel reçoit, bon an mal an, 50 millions d'euros,
représentant les investissements et dépenses de
fonctionnement pour 1 500 ménages environ. Dans ces
conditions, les ressources de transfert contrarient initiatives
locales et projections à long terme. Les projets, à
l'image des Plans d'Aménagement Généraux,
auront-ils un avenir dans le cadre du Pacte de Progrès ?
Pourtant, les Marquises ont des atouts : aptitude à
fournir des produits agro-alimentaires issus de la pêche,
de l'élevage et de la culture, possibilité de développer
des activités touristiques ... L'archipel pourrait
asseoir une certaine autonomie économique, mais c'est
sans compter sur les modes de consommation occidentalisés
depuis peu et sur un fort isolement.
Pour se développer, l'archipel
pourra privilégier son riche patrimoine, afin de générer
une dynamique apte à favoriser un développement
durable. Il en va de sa survie culturelle, politique et économique.
La récente déconcentration (2002) aura-t-elle des
effets bénéfiques et directs pour la population
locale ?
|