Patrick Pécherot

Tiuraï

Gallimard - Folio Policier, 379

Paris, 2005

bibliothèque insulaire

   
îles noires
parutions 2005
Tiuraï / Patrick Pécherot. - Paris : Gallimard, 2005. - 170 p. ; 18 cm. - (Folio policier, 379).
ISBN 2-07-030758-1

NOTE DE L'ÉDITEUR : Un jeune Tahitien trouve la mort avec son frère handicapé le jour de la fête du 14 Juillet. Une émeute sanglante dévaste la prison de Papeete et la répression qui s'ensuit n'a rien à envier à certaines dictatures.

Loin de la métropole, la Polynésie et ses atolls n'ont plus grand-chose à voir avec les vahinés et les colliers de fleurs. Sous la mer bleue rôde une menace étouffée par le secret défense.

Parce qu'il emprunte les chemins de traverse, le journaliste Thomas Mecker va côtoyer une réalité mortelle à plus d'un titre. Ce n'est pas pour rien que le mot « tabou », comme Mururoa, est issu de ces îles …

DANIEL MARGUERON : Patrick Pécherot dédie son roman à Jean Amila, pseudonyme de Jean Meckert, l'auteur du livre La vierge et le taureau 1. Il nomme également le narrateur-personnage de son roman Thomas Mecker. La filiation est donc évidente. La suite le prouve.

Ce roman, un pavé dans la mare ou dans le marécage, écrit le journaliste Georges Madarasz, dénonce la collusion existant à Tahiti entre la presse, les milieux d'affaires, l'armée et la police, objectivement unis pour maintenir dans le calme le pays sous la chape de plomb des essais nucléaires. Mensonges, désinformation, dissimulation et manipulations diverses sont le lot quotidien de la vie à Tahiti, île noyée sous l'argent, les affaires politico-financières et le soleil.

« Polars dans les îles des mers du Sud », Bulletin de la Société des Études Océaniennes, 278, octobre 1998, p. 22
       
1.Jean Meckert, « La vierge et le taureau », Paris : Presses de la cité, 1971
EXTRAIT

Enroulé dans un peignoir éponge, je versai de l'eau bouillante sur les feuilles du darjeeling qui se déroulèrent dans la théière. En écoutant Ella chanter sur la platine laser, je téléphonai à Félix pour lui faire part de mes découvertes nocturnes. Il n'était pas très bavard et m'interrompit rapidement. Nous convînmes d'un rendez-vous pour l'après-midi.

La pluie cessa vers neuf heures. Elle avait vidé les nuages qui rétrécissaient comme des baudruches privées d'air avant de disparaître. Sous la chaleur claire qui revenait, l'humidité s'évaporait sur la carrosserie des autos en minuscules fumées pâles. Dans le chuintement du caoutchouc mouillé, les roues des vélos entraînaient des myriades de gouttes tièdes en un tournis apaisant. En regardant Papeete sortir de l'averse, je mettais la dernière main à un article sur les bijoux en perles noires d'Anita Ventura exposés à la galerie Oviri. Quand je sortis, je croisai dans plusieurs rues des Jeeps de gendarmerie. Je déjeunai chez Ching d'un soja aux taros et passai par le Moonfleet chercher mon contrebandier préféré. Il écoutait le bulletin météo sur sa radio crachotante. Nous nous dirigeâmes vers la Maison des Jeunes. Alors que nous arrivions, Félix semblait soucieux.

— Ne faites pas tant confiance au téléphone, me dit-il. Tahiti connaît en ce moment une situation plutôt … tendue. Ce qui nous préoccupe n'a rien d'une aventure sous les Tropiques.

Après Malanda, Félix s'y mettait. C'était la seconde fois en quelques jours qu'on me traitait de journaliste de roman.

pp. 101-102

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Tiuraï », Paris : Gallimard (Série noire, 2435), 1996
site internet de Patrick Pécherot

mise-à-jour : 22 septembre 2013
Patrick Pécherot : Tiuraï
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