Les refuges / Jérôme Loubry.
- Paris : Calmann-Lévy, 2019. -
390 p. ; 22 cm. - (Noir).
ISBN 978-2-7021-6639-0
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est
priée
d'aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui
vivait seule sur une île minuscule, pas très loin
de la
côte.
Lorsqu'elle débarque sur cette île
grise et froide, Sandrine découvre une poignée
d'habitants âgés organisés en quasi
autarcie. Tous
décrivent sa grand-mère comme une personne
charmante,
loin de l'image que Sandrine en a.
Pourtant, l'atmosphère
est étrange ici. En quelques heures, Sandrine se rend compte
que
les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu'un les
terrifie. Mais alors pourquoi aucun d'entre eux ne quitte-t-il jamais
l'île ?
Qu'est-il arrivé aux enfants du camp de vacances
précipitamment fermé en 1949 ?
Qui était vraiment sa grand-mère ?
Sandrine
sera retrouvée quelques jours plus tard, errant sur une
plage du
continent, ses vêtements couverts d'un sang qui n'est pas le
sien …
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Le roman se déploie sur trois temps.
Les faits relatés au premier temps — Première
balise : l'île —
sont radicalement remis en cause au deuxième temps
— Deuxième
balise : Le Roi des aulnes 1 ;
et le troisième temps — Troisième
balise : les enfants — ouvre
encore une nouvelle perspective. De rebond en rebond, l'auteur
fait étalage d'une virtuosité
maîtrisée qui
assure la cohérence du récit en soulignant
l'étrangeté des personnages, de leurs
comportements et des lieux où ils sont confrontés
à leurs démons. Le fil des
événements est
ponctué d'annotations qui soutiennent la tension :
- Ils
attendent … de terminer leur vie, en quelque sorte. C'est ce
que
leur a promis le propriétaire de l'île
(…).
- (…) sur
cette île se trouve une créature que l'on ne
rencontre que dans les cauchemars.
- Oui
(…) les mauvais souvenirs et les cauchemars nous hantent
pour la
vie. La culpabilité également. Mais je connais un
refuge
pour échapper à tout cela …
Une île
où plus rien ni personne ne m'atteindra …
Le
temps est régulièrement
présenté comme une notion instable
; et l'île
navigue entre effroi et séduction — entre
réalité et fantasme.
1. |
Référence au
poème de Gœthe, Der Erlkönig régulièrement
cité …
Du liebes Kind, komm, geh' mit mir !
Gar
schöne Spiele spiel ich mit dir !
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Viens, cher enfant, viens avec moi !
Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux !
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EXTRAIT |
Elle
(…) reconnut que cet endroit possédait un certain
charme,
loin des lumières obséquieuses et du grouillement
de la
capitale. Un charme austère qui lui rappela une ancienne
lecture, Les Hauts de
Hurlevent.
Elle se souvint également d'avoir lu que le vent pouvait
rendre
fou. Que les gens le comparaient à des voix d'outre-tombe,
et
que cette idée faisait son chemin jusqu'à se muer
en
certitude, au point de pousser ces convaincus à parcourir la
lande pour réconforter les âmes errantes.
Était-ce
une de ces voix qu'elle avait perçue hier dans sa
chambre ?
S'agissait-il du chat sauvage que personne ne parvenait à
attraper, ou tout simplement du vent ? Françoise
lui
soufflerait-elle sa folie, ce soir, à travers les arbres de
la
forêt ? Viendrait-elle lui expliquer sa
peur ?
Idiote,
se raisonna-t-elle, ne
vois-tu pas que cette île essaye de te séduire
à
son ton tour ? Ne comprends-tu pas qu'elle souhaite te
retenir ? As-tu oublié les paroles de
Françoise ?
Tu ne devrais pas être
ici, sur cette île …
☐ p. 111 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Les
refuges », Paris : Librairie
générale française (Le Livre de poche, 35886), 2019
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mise-à-jour : 16
septembre 2020 |
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