Charles-Ferdinand Gambon

Dans les bagnes de Napoléon III : Mémoires de Charles-Ferdinand Gambon, éd. par Jean-Yves Mollier

Presses Universitaires de France - Centre de correspondances du XIXe siècle

Paris, 1983

bibliothèque insulaire

      

île-prison
Dans les bagnes de Napoléon III : mémoires / Charles-Ferdinand Gambon ; éd. par Jean-Yves Mollier. - Paris : Presses universitaires de France, 1983. - 296 p. ; 24 cm. - (Centre de recherche, d'études et d'éditions de correspondances du XIXe siècle de l'université de Paris-Sorbonne-Paris IV).
ISBN 2-13-038042-5

Témoignage remarquable d'un avocat éclairé, opposant irréductible de Napoléon III, sur différents lieux de détention, continentaux (Doullens, Mazas, …) et insulaires (Belle-Ile, Corse).

Les émotions qu'exprime Charles-Ferdinand Gambon à l'approche de Belle-Ile et, plus tard lors de son installation à Corte, donnent une juste mesure des effets recherchés par le pouvoir ; on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la situation imposée, aujourd'hui encore, aux insulaires emprisonnés sur le continent.

→ notice biographique sur le site du Chantier biographique des anarchistes en Suisse [en ligne]

NOTE DE L'ÉDITEUR : Charles-Ferdinand Gambon (1820-1887), un des chefs de la Commune de Paris en 1871, passa dix ans dans les geôles de la IIe République et du Second Empire (1849-1859) pour avoir refusé l'assassinat de la République romaine par le président Louis-Napoléon Bonaparte. Compagnon de captivité de Barbès, Blanqui, Delescluze, ami de Martin-Bernard, enfermé à la citadelle de Doullens, puis à la forteresse de Belle-Ile-en-Mer et enfin au bagne de Corte, il met à profit cette longue détention pour écrire.

[…]

La force de caractère, la fidélité à l'idéal républicain font de ce livre un témoignage unique sur les mentalités politiques françaises au milieu du XIXe siècle.

EXTRAITS

[novembre 1850] Je ne puis rendre ici les sentiments divers que j'éprouvai quand je perdis de vue le continent. J'entrai dans un monde nouveau pour moi. C'était la première fois que je voyais la mer. La nuit était calme et tranquille, les étoiles brillaient au ciel et un silence profond régnait autour de nous. On n'entendait que le bruissement des vagues qui venaient se briser sur les flancs de notre bâtiment, sur les rochers de la côte que nous longions et contre les nombreux îlots, répandus ça et là dans ces parages. Ce spectacle imposant contribuait encore à agrandir le vide qui nous entourait. Dès que le soleil parut, sillonnant la mer de ses rayons argentés, nous aperçûmes le fort de Belle-Ile et les murs de la prison, située sur les bords de la mer.
La traversée n'avait pas été longue : quatre lieues seulement séparaient le continent de Belle-Ile. Nous la trouvâmes même trop courte ! Nous pressentions déjà que nous allions commencer une captivité qui devait durer de longues années.

pp. 57-58

[décembre 1857] Nous fûmes dès notre arrivée privés complètement de communications avec le dehors. Notre déportation en Corse n'avait pas d'autre but : notre isolement absolu, et quand nos familles nous croyaient libres dans l'île, nous étions dans une prison pire que les autres. C'était l'ordre !

p. 217

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Jean Maitron (dir.), « Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français » (44 volumes publiés entre 1964 et 1997) — volume 6 (1969), pp. 123-124 ; volume 44 (1997), pp. 209-214

mise-à-jour : 17 avril 2017

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