4ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2002)
ouvrage sélectionné |
Lettres retenues :
correspondances censurées de déportés de
la Commune en Nouvelle-Calédonie / Virginie Buisson. -
Paris : Le Cherche midi, 2001. - 170 p.-[8] p.
de pl. ; 24 cm.
ISBN 2-86274-885-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : […]
De 1872 à 1880, les déportés
de la Commune en Nouvelle-Calédonie ont vu leur correspondance
retenue par l'administration pénitentiaire. De leur incarcération
à Versailles, des forts, des pontons et des îles
de l'Atlantique jusqu'à leur détention en Nouvelle-Calédonie,
les lettres étaient soumises à l'arbitraire des
surveillants. Les familles n'étaient pas averties des
disparitions, des grâces, et des retours. Les lettres étaient
classées dans les dossiers des condamnés. C'est
ainsi que certaines correspondances unilatérales se sont
poursuivies des années durant sans que les intéressés
en aient connaissance.
L'auteur a consulté 2500
dossiers de déportés aux archives d'Outre-mer à
Aix-en-Provence, trouvé des centaines de lettres, principalement
des demandes de nouvelles, et des missives d'amour, de chagrin
et d'attente. Les déportés ne voulaient pas être
oubliés. Il convenait que leur correspondance ne demeurât
pas lettres mortes.
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PHILIPPE-JEAN CATINCHI : De la Semaine sanglante et du terrible
cortège des victimes du futur mur des Fédérés
à l'érection expiatoire, sur la butte Montmartre,
de la basilique du Sacré-Cœur, la mémoire de la
Commune est d'abord parisienne. Au point que l'on oublie souvent
que le triomphe des Versaillais ne clôt pas l'épisode
et qu'en marge des quelques trente mille victimes de la fin mai
1871 on dénombra presque autant de prévenus emprisonnés
dont les procès aboutirent dès 1872 à des
déportations massives dans les colonies de l'océan
Pacifique.
[…]
Devoir familial et engagement
éthique confondus, Virginie Buisson a consulté
aux archives d'outre-mer 2 500 dossiers de ces condamnés
oubliés qui écrivirent à leurs proches des
missives qui n'atteignirent jamais leurs destinataires, retenues
par les services pénitentiaires.
[…]
Ces lettres confisquées
disent la résistance des déportés à
se laisser réduire à un matricule. Un sursaut d'une
humanité sans âge.
☐ Le Monde des livres, 4 Janvier 2002
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EXTRAIT |
Commentry, le 24
octobre 1881
Monsieur le ministre,
J'avais un fils nommé
Graillot Pierre, qui était détenu politique à
la Nouvelle-Calédonie, depuis 1870
On lui avait donné la permission d'aller travailler à
Boulapari comme colon.
Je n'ai reçu aucune nouvelle de cet enfant depuis 1875,
depuis le mois de juin.
Je ne sais s'il est mort ou vivant.
Je prierais bien Monsieur le ministre de me donner des nouvelles
affirmations s'il est mort ou vivant, car j'ai un deuxième
fils Graillot Eugène qui est du tirage de cette année
et comme je suis veuve, je réclame mon droit.
Claudine Révaillon
veuve Graillot
En marge : « Répondu
le 5 janvier 1882.
Déporté simple n° 1149
Évadé le 20 juin 1875
Présumé noyé. »
☐ p. 126
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Virginie
Buisson et Nicole Célestin, « Honoré
Bonnaventure, matricule 17 : de la Commune à
Nouvelle-Calédonie » [exposition, Aix-en-Provence :
Centre des archives d'Outre-Mer, 1999], Paris : Ministère
de la culture et de la communication, 2000
- Virginie Buisson, « Les Bretons en Nouvelle-Calédonie », Hommes et Migrations, mars-avril 2006, 1260, pp. 29-40 [en ligne]
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mise-à-jour : 3 décembre 2018 |
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