Voyage pittoresque autour du
monde (îles Marquises, île de Pâques,
Tuamotu, îles de la Société,
îles Australes) / Jules Sébastien César
Dumont d'Urville ; éd. critique établie
par Robert et Denise Koenig, Francine et Daniel Margueron, Vahi
Richaud-Tuheiava et Pierre-Yves Toullelan. - Papeete : Haere
po no Tahiti, 1988. - [157] p.-[29] pl.
h.-t. : ill., cartes ; 27 cm. - (Voyages en
Océanie).
ISBN 2-904171-21-X
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Cette édition du
« Voyage Pittoresque ou Résumé
Général des Voyages de
Découvertes », publié en 1834
sous la direction de M. Dumont d'Urville, Capitaine de Vaisseau,
reproduit en fac-similé l'introduction (pages I à
VIII) ainsi que les chapitres LIII à LXI (pp. 476
à 574) du tome premier et le chapitre I (pp. 1-5)
du tome second — soit l'intégralité du
texte consacré aux îles de la Polynésie
française, à l'île de Pâques
(Waïhou) et à Pitcairn.
Dumont d'Urville
était à l'évidence un bon marin, et
des mieux qualifiés autant pour représenter
l'autorité nationale loin de la métropole que
pour participer à l'effort de découverte. Comme
ses collaborateurs (nègres ?), il sait
écrire. D'où vient que son livre laisse
insatisfait ? Sans doute du fait que le
« Voyage Pittoresque » nous parle
plus, avec éloquence mais contre l'intention
affichée, des Français de l'époque que
de la Polynésie et des Polynésiens.
L'extrait ci-dessous est, par
ses excès, très représentatif de cette
dérive dont on retrouve les traces chez Cook autant que chez
Bougainville. Immense source de frustration pour les lecteurs
d'aujourd'hui. Il y avait beaucoup à
voir … mais les découvreurs et leurs
préjugés occupent ici le devant de la
scène !
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EXTRAIT |
Au-delà de Maïtia, l'horizon
s'éclaircit devant nous, et alors se
révéla presqu'imperceptible, à la
distance de quatre-vingt-dix milles, la cime de Taïti,
pointant au-dessus de l'horizon comme un simple petit rocher.
Caché par momens, ensuite mieux accusé, ce sommet
grandit devant nous jusqu'au coucher du soleil. Toute la nuit, on
courut vers la terre, et à l'aube ce fut un admirable
spectacle, car nous étions presqu'à ses pieds.
Elle était là devant nous, la
délicieuse Taïti, cette reine
polynésienne, cette île d'Europe au milieu de
l'Océan sauvage ; nous pouvions saisir ses
beautés générales,
détailler les accidens de son terrain, ses pitons divers et
nombreux, ses vallées creuses et solitaires, ses
forêts pendantes sur les flancs des mornes ou s'agitant comme
une couronne sur leurs crètes fécondes ;
nous pouvions l'admirer, cette terre, fille des volcans, avec sa double
ceinture, l'une d'argent et d'écume sur des
récifs, l'autre de végétation et de
verdure sur la grève. Oui, c'était là
notre Taïti rêvée, l'île de
Wallis, de Bougainville et de Cook, cette hôtellerie toujours
ouverte aux navires ; compatissante à leurs
fatigues et à leurs dangers, loyale auprès de
tant d'archipels perfides, généreuse,
dévouée, prompte à recevoir
l'empreinte civilisatrice ; c'était Taïti,
la perle, le diamant de ce cinquième monde, dont Cook fut le
Colomb.
☐ Chapitre LVIII, p. 528
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Voyage
pittoresque autour du monde : Résumé
général des voyages de
découvertes » publié sous la
direction de M. Dumont d'Urville (tome 1), Paris : L.
Tenré, 1834
- « Voyage
pittoresque autour du monde : Résumé
général des voyages de
découvertes » publié sous la
direction de M. Dumont d'Urville (tome 2), Paris : L.
Tenré, 1835
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- John
Dunmore, « Les
explorateurs français dans le Pacifique » (tome 2 : XIXe
siècle),
Papeete : Les Éd. du Pacifique, 1983
- Danielle
Clode, « Expéditions dans les mers du
Sud », Paris : Autrement, 2011
- Yves
Jacob, « Dumont d'Urville : le dernier grand marin de
découvertes », Bayeux : Heimdal, 2016
- François Bellec, « Dumont d'Urville », Paris : Tallandier, 2019
- Camille Vergniol, « Dumont d'Urville », Paris : TohuBohu, Paimpol : Praxys Marine, 2019
- Edward
Duyker, « Dumont d'Urville, l'homme et la mer »,
Paris : Éd. du Comité des travaux historiques et
scientifiques, 2021
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mise-à-jour : 5 août 2021 |
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