Voyage à
Madagascar : instants
de sagesse quotidienne / Constantin von Barloewen ; trad. de
l'allemand par Olivier Mannoni. - Paris : Éd. des
Syrtes, 2003. - 155 p. ; 20 cm.
ISBN
2-84545-068-0
|
Pourtant
placé sous l'égide de Victor Segalen et de Michel
Leiris, le périple malgache de Constantin von Barloewen
semble emprunter les chemins rebattus qu'affectionnent les auteurs de
« carnets de voyage » :
en taxi-brousse ou en avion, l'auteur court de Diego-Suarez au nord
à Fort-Dauphin au sud, de Nosy Be à Fianarantsoa.
Mais
l'écueil est habilement esquivé ;
d'étape en étape, les rencontres qui ponctuent
l'errance dans la Grande Île livrent mieux que les reflets
d'un monde pittoresque. L'auteur fait partager les dialogues qu'il
improvise, ici avec le Père Paul, là avec des
courtiers en pierres précieuses, ailleurs encore avec le
poète Elie
Rajaonarison, doyen de la faculté d'anthropologie
de Tananarive. Ainsi s'esquisse une trame où,
progressivement, se configurent les traits marquants d'une civilisation
originale — « figure
cachée qui n'est pas pratiquée par d'autres
cultures et d'autres États » —
dont la voix mérite d'être
entendue.
Constantin
von Barloewen a su entendre cette voix qui refuse de céder
à « la tentation
d'être inhumain » ;
à l'évidence, il en a été
bouleversé. Le grand mérite de ce
« Voyage à
Madagascar » réside dans sa
capacité à faire partager un si radical
bouleversement.
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Madagascar, terre
complexe et méconnue, lieu d'affrontements armés
et de syncrétisme religieux, de traditions et de
modernité, de structures ancestrales et d'agitation
politique : c'est dans cette île jadis
française que nous convie Constantin von Barloewen qui a
cherché à comprendre cet univers
poétique et mystérieux. De rencontre en visite,
de discussion en découverte, il nous conduit dans un
périple qui, à mille lieues du tourisme, cherche
à faire apparaître par touches successives
l'identité malgache, complexe, multiple,
oecuménique. Son regard ne cherche jamais l'exotisme, mais
la profondeur de l'histoire étonnante du pays, des hommes et
des femmes qui le peuplent.
Illustration
concrète d'une anthropologie poétique, ce
récit est à mi-chemin entre la
littérature de voyage et l'étude de terrain d'un
homme fasciné par l'objet de sa recherche. Un voyage en
quête de la Fanahy Fanahendrena, la sagesse
millénaire malgache.
❙ |
Né
en 1952 à Buenos Aires, Constantin von Barloewen a grandi en
Amérique latine puis en Europe. Après avoir
enseigné et conduit des recherches à
l'université
Harvard et celle de Princeton, puis à l'École des
hautes
études en sciences sociales de Paris, il a
occupé, de
1993 à 1996, une chaire d'anthropologie et de sciences
culturelles comparées à l'université
de Karlsruhe.
Constantin von Barloewen dirige aujourd'hui le programme de dialogue
pour la fondation Château-Neuhardenberg de Berlin et est
également membre de l'Advisory Committee de la Harvard
Academy. |
|
EXTRAIT |
L'île
solitaire, le locus amoenus sont des
thèmes anciens de la philosophie et de l'art. Il est
difficile de décrire le bonheur que j'ai ressenti :
on ne peut pas décliner le bonheur. Il y avait dans ce que
j'avais vécu à Madagascar quelque chose de
mémorable, et même d'éternel. Ce qui
reste durablement dans l'art, ce n'est pas seulement ce qui continue
à vibrer dans notre mémoire. Madagascar ne
pouvait pas changer la réalité, mais elle a
changé mon regard.
☐ p. 154
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Portraits
croisés : Alexis de Tocqueville, Michel Leiris,
Pierre
Verger, V.S. Naipaul — quatre approches de cultures
comparées », Paris :
Éd. des Syrtes, 2004
|
|
|
mise-à-jour : 24
janvier 2017 |
|
|
|