NOTE DE L'ÉDITEUR : Divisé par commodité
en trois grandes aires culturelles — la Mélanésie,
la Polynésie, la Micronésie —, le monde océanien
est constitué d'une infinité d'îles et d'archipels,
d'atolls et de terres volcaniques, d'où la diversité
des populations et des pratiques artistiques. La culture Lapita,
la plus ancienne, datant de 2000 ans avant notre ère,
aurait essaimé dans presque tout le Pacifique, pour ensuite
s'effacer derrière une multiplicité de traditions
locales. Malgré cet émiettement, l'unité
culturelle sur de longues distances laisse supposer des relations
complexes, dues en particulier à la pratique de la navigation
au long cours.
L'étude de l'art océanien
ne peut se limiter à une analyse esthétique :
art, pouvoir temporel et spirituel, intimement liés, se
résument dans le concept de mana, commun à
toutes les zones du Pacifique. Le mana, c'est cette force
active, associée aux ancêtres et d'essence divine,
indispensable à toute activité humaine et qui imprègne
êtres et choses. L'objet d'art est ainsi un vecteur de
cette force à laquelle participent le choix des matériaux
et l'iconographie. Dès lors, qui'l s'agisse d'architecture,
de tissage, de tatouage ou de sculpture, toute œuvre obéit
à une fonction sociale et religieuse : c'est le but
de cet ouvrage que de décoder la signification spirituelle
d'un motif ou d'une couleur et le pouvoir dont il est porteur.
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