1ère édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 1999)
ouvrage en compétition |
Le malaise créole,
un dérivé du mal français / Pierre Souquet-Basiège ;
préface de Jean Bernabé et Raphaël Confiant.
- Petit-Bourg (La Guadeloupe), 1999. - 282 p. ; 22 cm.
ISBN 2-84450-053-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Les Créoles, habitants des
départements d'oure-mer, sont-ils les « enfants
gâtés » de la France qui leur « donnerait
tout » sans « rien en recevoir » ?
Devraient-ils donc se réjouir de cette situation d'assistés ?
L'auteur s'insurge contre cette vision stéréotypée.
Pour lui, en effet, en dépit des avantages reçus,
il y a un réel malaise créole, mais qui
n'est que l'aggravation, du fait des handicaps locaux, d'un mal
bien connu propre à la France entière :
le mal français. Dans un style alerte où
le mordant du ton rehausse la rigueur de l'argumentation,
il démontre magistralement le mécanisme de la filiation
entre les deux, d'où il ressort d'ailleurs que, malgré
les apparences, cet état de choses profite davantage à
la métropole qu'aux Créoles eux-mêmes. De
cet amer constat il conclut néammoins que la communauté
créole peut sortir de son malaise, mais à une
double condition :
- assurer elle-même la promotion
de la créolité, considérée
comme une micro-civilisation originale de nature à
enrichir le patrimoine culturel français ;
- s'orienter vers une troisième
voie locale, intermédiaire entre l'indépendance
et une simple assimilation à la métropole,
et fondée sur une éthique dite humanisme politique.
❙ Pierre Souquet-Basiège est un « béké »,
descendant d'une lignée de colons éclairés.
Son arrière-grand-père, Gaston Souquet-Basiège,
avocat à Saint-Pierre, est l'auteur d'un essai sur « Le
préjugé de race aux Antilles françaises »
(1883)
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JEAN BERNABÉ et
RAPHAËL CONFIANT :
[…]
Assez paradoxalement, les thèses
de Pierre Souquet-Basiège rejoignent objectivement, mais
avec plus de franchise dans le propos et une plus grande hardiesse
de vue, certaines de celles qui sont, depuis 1981, défendues
par diverses tendances de la Gauche régionaliste de nos
trois pays [Guadeloupe, Martinique, Guyane].
Autrement dit, l'auteur du « Malaise
Créole » n'est ni un zélateur du
Pacte colonial amélioré (par la départementalisation)
et du grand capital, comme disent les marxistes, ni un
promoteur de l'idéologie indépendantiste :
il se situe bien « au milieu » et pourrait
être logiquement qualifié d'« autonomiste »,
au sens de « partisan de l'autonomie de gestion publique
locale dans le cadre plus large de la nation ». À
cet égard, son livre est, si on veut regarder les choses
en face, le premier manifeste autonomiste cohérent, structuré
et surtout approfondi.
Cet autonomisme ne se différencie
vraiment de celui de la Gauche antillaise que par son penchant
pour le libéralisme économique. Par là,
si l'on excepte le correctif social que Souquet-Basiège
assigne à ce libéralisme, il se rattache à
une très ancienne tradition blanche créole, en
vertu de laquelle les anciens colons alliaient à leur
loyalisme politique envers le pouvoir royal une constante revendication
de leur droit à conduire les affaires de la colonie comme
ils l'entendaient.
[…]
☐ Préface, pp. 24-25
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Le
malaise créole, un dérivé du mal
français », Kourou (Guyane) : Ibis rouge ;
Schoelcher : Presses universitaires créoles, 1997
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mise-à-jour : 14 novembre 2007 |
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