La ville aux
îles, la ville dans l'île : Basse-Terre et
Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820 / Anne
Pérotin-Dumon. - Paris : Karthala, 2001. -
990 p.-[56] p. de pl. : ill. ; 25 cm.
ISBN 2-86537-936-1
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Ce livre montre qu'entre le XVIIe et le XVIIIe
siècles, l'expansion marchande qui est à l'origine des
plantations a également donné naissance aux villes
actuelles. Entre mer et plantations a pris consistance cette
sphère d'organisation humaine et de changements : nouvelle
manière d'habiter et de contrôler un espace, des formes de
revenus et d'échanges et des modes de relation entre les gens
défiant l'esclavage, un genre de vie qui est encore largement le
nôtre. Avec les ports de la façade atlantique de l'Europe,
des Amériques du Nord et du Sud, ceux de la Guadeloupe et des
Antilles ont alors dessiné notre monde urbain moderne.
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BERNARD GAINOT : L'ouvrage de Anne Pérotin-Dumon, bien connue par ailleurs pour son travail
sur la Guadeloupe à l’époque du Directoire,
pourrait être, d’après son titre, une monographie
des deux principales villes de la Guadeloupe. De ce point de vue, il
présenterait déjà un très grand
intérêt. Mais il est beaucoup plus que cela.Méthodologiquement, l'auteur inscrit le fait urbain
colonial dans le grand mouvement de développement des villes sur
les deux rives de l’Atlantique entre le XVIe et le milieu du XIXe
siècles. L’objet ainsi défini et situé est
placé dans une perspective comparatiste, mesurant
l’originalité de la ville guadeloupéenne à
l’aune des créations similaires, non seulement dans
l’aire caraïbe, anglophone ou hispanophone, mais aussi dans
l’ensemble du Nouveau Monde, voire de toutes les régions
touchées par l’expansion européenne, puisque le
« modèle » du développement urbain
de Basse-Terre est recherché aussi bien du côté des
comptoirs de traite de l’Afrique de l’Ouest, que du
côté des comptoirs de la Compagnie des Indes, comme
Port-Louis ou Pondichéry.Mais le fait urbain est également replacé dans
l’historiographie coloniale. A. Pérotin-Dumon montre
comment l’histoire antillaise récente, dans un élan
identitaire, et une volonté de rupture avec l’histoire
institutionnelle métropolitaine s’est polarisée sur
la plantation, comme matrice et métaphore de toute la
société antillaise, marginalisant ou ignorant
délibérément le monde complexe et mouvant des
villes. Il s’agit donc aussi de sortir de
l’interprétation unidimensionnelle (oserons-nous, avec
l’auteur, le terme totalitaire
— p. 60 — ?), du passé
antillais, à laquelle a conduit la seule étude de la
« société de plantation ». On le
voit, l’entreprise est méthodologiquement ambitieuse,
à la mesure de l’enjeu historiographique.[…]→ Note de lecture, Nuevo Mundo Mundos Nuevos | 5 | 2005 |
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Être
patriote sous les tropiques : la Guadeloupe, la colonisation et la
Révolution, 1789-1794 », Basse-Terre :
Sté d'histoire de la Guadeloupe (Bibliothèque d'histoire antillaise, 10), 1985
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mise-à-jour : 21 novembre 2007 |
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