NOTE DE L'ÉDITEUR
: Une île bretonne, une poignée d'hommes et de femmes
vivant entre ciel et mer, entre port et clocher, la rugosité des
caractères, la violence des passions, l'amour du métier
et de la petite patrie …
On voit d'ici le ragoût à l'Armoricaine qu'eût
mitonné un auteur médiocre. Aux antipodes du folklore,
Jean Noli a écrit une tragédie 1, une saison en enfer,
humblement vécue par une petite communauté humaine,
prisonnière d'un impitoyable héritage de dénuement
transmis à travers le temps, victime d'une malédiction
bête comme le destin. La Grâce de dieu
est un grand livre à cause de l'audace de son ambition, à
cause aussi — ou surtout — du style de son auteur, de
sa démarche puissante et retenue, sans un mot plus haut que
l'autre.
Pas une fausse note dans cette symphonie ample et triste qui raconte le
malheur d'une île bretonne condamné par une
fatalité absurde. Comme il est rare qu'un romancier sache tirer
autant de force de la simple justesse de la phrase, de l'effacement
derrière ses personnages, le cadre de leur vie, leur respiration
intime ! Comme il est rare qu'une histoire évite à
la fois de ramper et de planer pour se maintenir, de la première
à la dernière ligne, à la bonne altitude : le
niveau du cœur !
Paul Guimard
❙ Jean Noli
— « Né à Gênes en 1928,
écrivain et journaliste, son goût pour la mer et les
îles (il résidait à Hoëdic une partie de
l'année) a inspiré bon nombre de ses œuvres. Il est
mort à Paris le 8 mai 2000. » Pierre-Yves Jourda, Les îles de Bretagne sud, approche bibliographique, p. 219
1. | Dans une interview
à la radio (1978), Jean Noli parle d'un « faux roman
», mais c'est bien une tragédie vécue par
l'île d'Hoëdic et ses habitants qui a inspiré
l'auteur … jusqu'au titre qui évoque celui d'un bateau de
pêche de l'île, le Deo Gratias. |
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