1ère édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 1999)
ouvrage en compétition |
On dirait des îles
/ Jacques Meunier. - Paris : Flammarion, 1999. - 227 p. ;
21 cm. - (Étonnants voyageurs).
ISBN 2-08-067161-8
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FRANK LESTRINGANT : A l'île-monde, on peut
appliquer la définition lapidaire, et faussement absurde,
que propose Jacques Meunier : « L'île est
une partie qui englobe le tout ».
☐ « Le
Livre des îles », p. 333
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MAGAZINE
LITTÉRAIRE,
mai 1999 : La belle croisière de Jacques Meunier,
toujours fair-play, amuse et enrichit, c'est le moins qu'on
puisse dire.
Pascal Dibie
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LE MONDE DES LIVRES, 21 mai 1999 : Décrire l'ailleurs
et l'autre, c'est imposer le minimum de ses mots d'origine, de
ses manières de penser et de voir. Il faut se faire tout
léger pour accueillir les histoires qu'on vous raconte,
sans les mélanger avec les vôtres. On dirait
des îles tire des effets délicats de ces jeux
de surimpression.
Jacques Meunier écrit
comme il voyage, adoptant selon les moments et les lieux le rythme
de la randonnée, de la promenade, de la balade ou de la
flânerie. Chaque endroit impose son pas, son ton et sa
respiration. Il y a là de la modestie, sans doute, mais
à la manière de Montaigne. Sans qu'on y prenne
garde, l'écrivain-voyageur dessine bel et bien une morale
de la découverte du monde qui, pour s'exprimer de façon
souvent humoristique, n'en revendique pas moins sa gravité.
On dirait des îles est un essai sur la compréhension
et l'incompréhension, qui prend gentiment à rebrousse-poil
les lourdes prétentions scientifiques de l'ethnologie
occidentale et de ses appareils conceptuels envahissants. Il
n'y a pas de miracle à attendre des voyages. Ni de ceux
des touristes trop confiants dans leur naïveté, ni
de ceux des savants trop sûrs de leur science. « Un
âne qui part ne revient jamais cheval », écrivait
Thomas Fuller. Meunier fait ses délices et les nôtres
de ces aphorismes discrets. Un avaleur de kilomètres et
un compilateur de mœurs étranges ne feront jamais un
écrivain.
Pierre Lepape
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LE MONDE, 7 février 2004 : […]
Jacques Meunier est mort mercredi 4 février à l'âge
de 62 ans. Il a quitté le voyage dans lequel il s'était
installé depuis l'enfance pour un bout du monde qui, cette
fois, ressemble à une impasse. Jacques Meunier savait
raconter les histoires, il avait le sens du mythe.
C'est en Amazonie et en d'autres
finistères qu'il avait contracté son savoir-faire,
mais c'est en lui, rien qu'en lui, qu'il a trouvé son
savoir-être et son savoir-dire.
[…]
Le lointain qu'il pratiqua avec
obstination lui servit d'apprentissage de l'ailleurs, non pas
pour la connaissance, mais parce qu'il l'invitait à la
régression systématique et à l'aveu. Avec
un titre ressemblant aux légendes des dessins de Glen
Baxter, On dirait des îles, Jacques Meunier posait,
en référence à Robinson, auquel il voua
durant des années un non-culte intelligent en collectionnant
livres bizarres et voyages parfaitement inutiles, l'île
comme lieu privilégié de l'inspiration : « Est-elle
comme le divan du psychanalyste, un endroit qui permet à
chacun de rassembler les mille morceaux de son " moi
dispersé " ? », se demandait-il
sans vouloir, comme à son habitude, apporter une réponse
compensatoire à cette question isolée parmi des
centaines d'autres.
[…]
Cet incorrigible « diseur
d'autres », ce spécialiste de l'éphémère
arrive à nous faire croire que les îles sont des
continents, que les cultures qui s'y isolent sont entières
et que la Tasmanie est un vide-poches où Dieu aurait mis
en vrac tout un assortiment de reliefs et de paysages.
[…]
Rares sont les hommes vrais,
Jacques Meunier en a été un jusqu'au bout. Avec
sa disparition, j'ai envie de m'inscrire dans ce que disaient
d'autres de ses cousins célèbres, les Tupinambas :
lorsque meurt un homme comme ça, c'est le groupe tout
entier qui est lésé, amoindri.
Pascal Dibie
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mise-à-jour : 14 septembre 2005 |
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