Le fugitif de
La Havane / José Latour ; trad. de l'anglais
(États-Unis) par Marie-Christine Dupont. - Paris : Plon,
2001. - 330 p. ; 23 cm.
ISBN 2-259-19353-6
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DANIEL MARTIN : […]
Sous l'intrigue, José Latour, qui
est cubain, glisse très habilement tout un matériel
documentaire. On apprend beaucoup sur son pays, sur la Floride
aussi. Sur les relations entre La Havane et Washington. Des relations
faites de hauts et de bas, d'ouvertures et de vexations. De déconvenues
aussi pour tous les migrants qui, une fois sur le sol américain,
se retrouvent bien souvent citoyens de seconde classe, condamnés
aux petits boulots et à la vie communautaire. A moins
qu'ils ne choisissent l'illégalité. On croisera
ainsi de beaux personnages arrivés là quand Castro,
las de voir les intellectuels partir en masse, décida
« que les Américains devraient goûter
aux déchets du socialisme : voleurs, violeurs, joueurs
et pédophiles emprisonnés ». Ce qui
fut fait.
☐ Magazine littéraire, 403, novembre 2001❙ | José
Latour, dont les grands-parents paternels sont français, vit et
travaille à Cuba où il est né en 1940. Il a fait
sa carrière au ministère des Finances quand il y en avait
un, à la Banque nationale de Cuba et au ministère du
Sucre en attendant. Grand voyageur, grand lecteur, il se passionne pour
le polar. En vingt ans, il a écrit huit romans et consacre
désormais tout son temps à l'écriture. |
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INCIPIT |
Elliot Steil s’assit sur un banc de pierre à
l’ombre des arbres du square. Il posa sa cheville gauche sur son
genou droit, fit glisser à terre un vieux mocassin à
glands usé jusqu’à la corde et commença
à se masser le pied. Deux minutes plus tard, il passa à
son pied droit. Puis il posa ses deux talons sur le ciment de
l’allée et, tout en se tenant au banc, il agita les
orteils.
Rude
journée, se dit Steil. Ses réserves de sucre et de
café s’étaient toutes deux épuisées
l'avant-veille et, en guise de petit déjeuner, il avait dû
se contenter d’un morceau de pain rassis d’environ quarante
grammes arrosé d’un verre d’eau fraîche. A la
suite de quoi il s’était aperçu que le pneu
arrière de son vélo était crevé. Il avait
donc marché jusqu’à l’arrêt de bus,
où il avait attendu pendant soixante-quinze minutes, et,
à 10 h 02, avec deux heures et deux minutes de retard,
il avait passé sa carte dans la pointeuse de l’Institut
polytechnique où il enseignait l’anglais.
Le
déjeuner avait consisté en un triste et fade
mélange de riz et de haricots rouges mal cuits accompagné
de tomates trop mûres. Le professeur avait quitté le
bâtiment 17 heures, en se demandant s’il devait encore
consacrer une part de son temps libre aux transports publics quasi
inexitants de La Havane. Parce qu’une coupure de courant
générale était prévue de 21 heures
à 23 heures et que des tâches domestiques
l’attendaient chez lui, il avait décidé de
parcourir à pied les huit kilomètres qui le
séparaient de son domicile.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Outcast », New York : Akashic, 1999 ; New York : W. Morrow, 2001
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- « Nos amis de La Havane », Monaco : Ed. du Rocher, 2005
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mise-à-jour : 4 mai 2011 |
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