4ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2002)
ouvrage en
compétition |
L'oiseau Zombie
/ Ismith Khan ; traduit de l'anglais par Carl de Souza. -
Paris : Dapper, 2001. - 253 p. ;
18 cm.
ISBN
978-2-906067-65-3
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR
: Jamini, jeune garçon de Trinidad, est de la
lignée des
Khan, d'origine indienne. Il voue une admiration sans borne et un amour
exalté à son grand-père
Kalé Khan, qui lui
répète sans cesse que, « fils
de Pathan,
petit-fils de Pathan », il est né pour se
battre
comme un lion. Jamini, tâchant de répondre
à
l'aspiration du vieillard, talonne ce sévère
héros
d'une révolte historique, réprimée
dans le sang
des années auparavant, à travers ses
allées et
venues à Port of Spain. Il grandit auprès de ce
personnage tout à la fois bourru et tendre, dont les propos
oscillent de la douce folie à une sagesse authentique.
Les courses-poursuites, les
histoires d'école ou les
premières amours de Jamini nous permettent de
découvrir
les coutumes et les difficultés économiques de la
société indienne de l'île. Les
conversations de
Kalé Khan et de ses amis vétérans sur
la place
Woodford, lieu de refuge et de rêverie pour ceux qui
imaginent un
retour possible en « Hindoustan » (en
réalité l'Inde), donnent la mesure historique du
livre.
[…] Cependant discordes et ruptures sont le lot de
générations aux désirs très
différents, et le jeune garçon, n'y comprenant
souvent
pas grand chose, se sent parfois très seul.
Particulièrement quand la nuit est marquée par
les cris
sinistres de l'oiseau Zombie, dont la rumeur prétend qu'il
annonce une mort prochaine … celle qu'il craint
pour son
grand-père bien aimé.
☐ Pascal Jourdana
❙ | Ismith Khan est né à Port-of-Spain (Trinidad) en 1925 ; il est mort à New York en 2002. |
|
EXTRAIT |
Les
pluies étaient venues et reparties, la saison des mangues
était terminée. Les noyaux avaient pris racine et
de
tendres tiges se dressaient à l'ombre de la plante
mère.
La saison des mariages était passée, de
même que
les régates de bateaux de papier le long du canal de la rue
Frederick.
Tout ceci s'en était allé avec la pluie et
l'odeur de
l'herbe fraîchement coupée dont des brins
collaient
à la lame du faucheur au square Woodford.
Partis, les matins gris et silencieux pleurant des larmes
tièdes
le long des rues, partie l'odeur de l'écorce humide du
calebassier, tout cela avait été
absorbé par le
néant du temps passé. L'obscurité
amicale de la
saison des pluies avait déserté la chambre de
Kalé
Khan, le goût de sa pipe était sec, tailladant les
parois
de sa gorge comme des lames de chiendent, et sa toux constante
s'entendait dans le silence de la nuit, suivie de jurons :
« 'fant de garce », et son corps
se tendait et
ses yeux s'écarquillaient comme poussés hors des
orbites
quand il s'étouffait. Puis, il jurait encore, maudissant le
froid et la toux qui ne voulaient pas s'en aller avec la pluie,
maudissant son agitation dans l'attente de paroles de l'Hindoustan.
☐
p. 151 |
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The
Jumbie bird », London : Macgibbon &
Kee, 1961
|
- « The
obeah man », London : Hutchinson, 1964
- « The
crucifixion », Leeds : Peepal tree, 1987
- « A
day in the country and other stories »,
Leeds : Peepal tree, 1994
|
|
|
mise-à-jour : 20
novembre 2007 |
|
|
|