Les années
de chien : une suite à Ma chienne d'Irlande / Aidan
Higgins ; trad. de l'anglais (Irlande) par Bernard Hoepffner
avec la collaboration de Catherine Goffaux. - Monaco : Éd.
du Rocher, 2000. - 379 p. ; 22 cm. - (Anatolia).
ISBN 2-268-03760-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR : « Lassé de marcher
dans le rêve, je suis revenu dans le pays où je
suis né il y a un demi-siècle », écrit
Higgins dans Les Années de chien, qui font suite
à Ma chienne d'Irlande, le récit de son
enfance irlandaise.
La famille Higgins s'est dispersée,
Aidan — alias Rory of the Hills — recherche la
tranquillité que Julien Sorel avait connue en prison.
Cette paix improbable, il la trouve dans un bungalow près
de Brittas, dans le comté de Wicklow, bungalow qu'il partage
pendant deux ans avec une institutrice au mauvais caractère.
Les Années de chien racontent ces deux années et
dévoilent un Dublin trouble — prostituées
et Provos-assassins —, un Connemara noyé dans
la pluie. Le Titanic est retrouvé au fond de l'Atlantique
et « les chiens hurlants de Castleconnell s'égosillent
tous ensemble ». Frank O'Connor parcourt à
nouveau Waterloo Road, un mort traverse le Meath Hospital sur
un brancard, « une lumière réticente
et frugale fuit » et, par-dessus le mur, on entend
« le bourdon mélancolique des cornemuses, pareil
au sanglot d'un géant ».
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LE MONDE DES LIVRES, 10 novembre 2000 : […]
L'univers de Higgins est saturé
de livres, de citations, de réminiscences de lectures.
Le traducteur des Années de chien [Bernard Hoepffner]
en a relevé ça et là quelques apparitions
qu'il signale en notes. Higgins ne se donne pas cette peine.
Joyce, Flan O'Brien, Shakespeare, O'Casey, bien d'autres, et
Beckett évidemment, par tous les bouts, ne sont pas des
écrivains qu'il cite : leurs mots font partie de
ses propres mots, leurs personnages hantent les rues de Dublin,
de Santa Cruz ou de Springfield. Ils lui appartiennent autant
que les paysages, que les évènements de sa vie,
que les livres dont il est l'auteur. Il lit sa vie à travers
eux, il dit de son père qu'il est un des personnages mineurs
de Shakespeare qui sont tués en coulisse et ne participent
plus à l'action sinon pour saluer à la fin.
L'autre présence obsédante,
c'est l'histoire. Les Irlandais sont historiques. « En
Irlande, nous marchons toujours dans le passé, écrit
Higgins, un passé étrange sans Renaissance ni
Réforme, sans drapeau ni véritable gouvernement,
sans identité nationale ni éclairage public, sans
véritables forces de police avant que Sir William Peel,
en 1822, n'eût introduit les peelers. »
[…]
Pour ces moins-que-rien d'Irlandais,
le temps est une affaire de famille. « Nous agissons
comme pensaient nos ancêtres, et nos descendants réaliseront
ce que nous avons pensé. » S'il n'y a pas
de chronologie dans le roman-mémoire d'Aidan Higgins,
c'est que le passé peut surgir à n'importe quel
moment et s'imposer comme étant aussi réel que
le présent. Même chose pour les lieux : comme
on ne se sent jamais complètement chez soi dans son pays,
il est plus facile de s'imaginer irlandais à l'étranger,
même, par exemple, lorsqu'on est américain depuis
deux siècles. Les Années de chien racontent
cette patrie toujours perdue, toujours retrouvée. On songe
à Ithaque, évidemment, et à Ulysse.
[…]
Pierre Lepape
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Dog days : a sequel to Donkey's years », London : Secker & Warburg, 1998
- « La mort que l'on
se donne », Paris : Éd. de Minuit, 1963
- « Naufrage »,
Paris : Éd. de Minuit, 1968
- « Samuel Beckett »
avec des photos de John Minihan, Paris : Anatolia, 1996
- « Ma chienne d'Irlande :
souvenirs d'une vie sous forme d'histoire racontée »,
Monaco : Éd. du Rocher, 1998
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mise-à-jour : 2 janvier 2009 |
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