Le dernier crépuscule / Pierre
Gope ; préface de Paul Mazaka. -
Nouméa : Grain de sable, 2001. -
77 p. : ill. ; 15 cm. - (Paroles en
scène).
ISBN 2-84170-075-5
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Un
village du Nord de la Grande Terre, l'espoir d'une usine, d'un avenir.
En
scène, la rumeur assassine, le rêve d'une femme,
le chantage des esprits, la signature de l'oubli, l'aube du dernier
crépuscule : une société se
déchire, blessée comme la montagne
exploitée. ❙ | Pierre
Gope a grandi dans une tribu de Pénélo. Atteint de
dyslexie, il est déscolarisé en CM2. Passionné par
l'histoire et les origines de son pays et de ses coutumes, il se lance,
en 1990, dans un périple dans la Calédonie afin
d'enquêter sur les origines du peuple kanak. En 1991, il assiste
à une répétition du groupe Koteba,
une compagnie de théâtre africaine dirigée par
Suleiman Koly : c'est pour lui une révélation.
Après cette rencontre, il quitte pour la première fois sa
terre natale en direction d'Abidjan en compagnie du metteur en
scène ivoirien. Dans la suite de son apprentissage, il
travaillera avec Peter Walker et Peter Brook à Rennes. C'est en
1990 qu'il fonde sa propre troupe appelée la Compagnie Cebue.
Deux ans plus tard, en 1992, il écrit sa première
pièce de théâtre intitulée,
“ Wamirat, le fils du chef de
Pénélo ” où se mélangent le
français et le nengone, sa langue maternelle. Avec cette
œuvre et toutes celles qui suivront, Pierre Gope invente un
théâtre contemporain kanak associant les cultures kanak et
océanienne ; il y joue avec l'humour et la poésie
pour mettre en lumière des sujets sérieux remettant en
question le monde actuel et la situation en Nouvelle-Calédonie.
— Source : Académie de l'Union, Ecole supérieure
professionnelle de théâtre du Limousin [en ligne] |
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PAUL MAZAKA : Il
y a du Césaire chez Pierre Gope, c'est ce qui me
séduit. Cet engagement sans retenue, cette
écriture libérée et libre, cinglante,
acerbe, sont les signes d'une grande maturité et d'une
lucidité presque trop objective. Il ne fait aucune
concession quand il s'agit d'exhiber les maux qui entravent la
liberté des siens : les femmes sont les esclaves
des hommes, les hommes esclaves de l'alcool qui transforme son peuple
en une sorte de bateau ivre, à la dérive,
cherchant en vain au loin un phare qui indiquerait la direction et le
bon sens. Les hommes sont aussi esclaves de la tradition et de la
modernité chez Pierre Gope. Comment ne pas perdre son
âme ?
Cette
interrogation, on la retrouve dans toutes les
sociétés où la tradition demeure une
règle essentielle de vie. Dans le
théâtre de Gope, elle se pose avec beaucoup
d'acuité. […] Ce qu'il importe de conserver, de
faire vivre et de transmettre, ce sont les valeurs de la tradition.
Même si les gestes se transforment, l'esprit et
l'âme des anciens sont toujours présents. Et c'est
ce que dit avec subtilité la création de Pierre
Gope.
[…]
[Pierre
Gope] a une vision, un rêve pour son peuple et je crois que
c'est sa mission. Comme il revient au théâtre de
contribuer à éveiller les consciences,
à secouer les léthargies et à donner
du sens à la tradition et à la
modernité. L'une comme l'autre peuvent être
néfastes dans leurs excès respectifs à
l'épanouissement et au bien-être.
Merci
Monsieur Gope d'avoir ouvert ma conscience d'îlien
à d'autres réalités, si
éloignées dans l'espace mais combien si proches
des miennes. Aucune culture n'est une île. Nos
identités, souvent oubliées, appartiennent au
patrimoine de l'humanité, votre théâtre
me le rappelle, nous le rappelle.
☐ Préface :
Aucune culture n'est une
île …, pp. 4-5
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EXTRAIT |
Grand-chef
Wharénoi
Comment vit un développé.
Le
chargé de mission
Regardez-moi, je suis habillé comme un
développé, et je roule en voiture
climatisée. Celle-là est très
récente?
(en montrant sa voiture)
C'est une nouvelle série japonaise
très solide, bien adaptée à rouler sur
vos pistes.
Grand-chef
Wharénoi
Si la machine s'adapte à nos pistes,
pourquoi le développé ne s'adapte-t-il pas
à notre mode de vie ?
☐ p. 29
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « The last nightfall » translated by Baineo-Boengkih and
Penelope
S. Keable, Nouméa : Grain de sable,
Suva (Fiji) :
Institute of Pacific studies, 2002
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- « Où est le droit ?
Okorentit ? »,
Nouméa : Grain de sable, 1997, 2003
- « S'ouvrir »,
Nouméa : L'Herbier de feu, 1999
- « Les dieux sont borgnes » avec Nicolas Kurtovitch,
photographies d'Eric Dell'Erba, Nouméa : Grain de
sable (Paroles en scène), 2002
- « La parenthèse »
suivi d'un entretien avec l'auteur, Nouméa :
Éd. Traversées (Théâtre),
2005
- « Les
cris de nos silences », Nouméa :
Académie des langues kanak, 2009
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Sur le site « île en île » : dossier Pierre Gope
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mise-à-jour
: 8 février 2013 |
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