Les hommes fanés /
Owen Marshall ; trad. de l'anglais
(Nouvelle-Zélande) par Céline Leroy. -
Paris : Payot & Rivages, 2006. -
317 p. ; 23 cm.
ISBN 2-7436-1596-6
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L'Arlequin est
une maladie dégénérative du
système nerveux qui, au début du
troisième millénaire, sévit partout
dans le monde, et jusqu'en Nouvelle-Zélande où
l'on aurait aimé se croire protégé par
l'éloignement et l'insularité. Faute d'une
réponse médicale efficace, les
autorités ne trouvent d'autre parade que
d'éloigner les malades dans des centres
spécialisés qui rappellent les
léproseries d'hier.
Owen Marshall esquisse la vie
d'une de ces communautés où s'improvisent des
formes de vie sociale assez proches en somme de celles qui
prévalent entre bien portants — mais
l'urgence de vivre est exacerbée, la proximité de
la mort plus difficile à oublier. Tous attendent donc, un
miracle, à défaut une rémission, et
plus sûrement l'accélération fatale. L'ironie
est partout.
La chronique de la vie
à bord de ce navire des
pestiférés est tenue par David
à qui un poste de surveillant offre la chance d'oublier le
monde extérieur … et surtout de s'en
faire oublier.
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EXTRAIT |
Le neurologue peut lire le visage comme une carte.
La figure léonine de l'Alzheimer, les grimaces du syndrome
de Tourette, les yeux révulsés de l'autisme. Pour
l'Arlequin, Schweitzer parle du « visage
olfactif ».
C'est le visage de Tolly, en ce moment,
agité, sourd à tout langage verbal, la
tête rejetée en arrière et la bouche
entrouverte. Il est debout au milieu de la nuit, à
côté de son télescope
installé sur la véranda de Takahe. Les voix de la
raison et de la modération diminuent et sont
remplacées par une conscience aiguë de ses
aptitudes et des possibilités du monde qui l'entoure. La
majesté lointaine des étoiles inodores ne lui
suffit plus. Ah, les parfums de la nuit, goûter les saveurs
de l'air. Il tend le cou pour mieux profiter de ce luxe, et retrousse
encore un peu les lèvres. Sa fortune et son entreprise
d'installations sanitaires ne signifient plus rien pour lui
à présent : il se moque comme de l'an
quarante de ses responsabilités, de sa famille ou de ses
amis. La dignité ni aucune convention ne le freinent plus.
Seuls demeurent un appétit vorace et de la peur, la
curiosité et la stimulation — le moi passe avant
tout.
Il se met à chantonner : la
forme dépouillée de la musique
sophistiquée qu'il affectionne. La musique est le lien entre
l'ancien et le nouveau Tolly. Bien sûr, du point de vue de
l'Arlequin, l'ancien Tolly est le nouveau, et vice versa.
☐ pp. 200-201
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Harlequin
rex », Auckland : Vintage, 1999
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- « The
master of big jingles », Dunedin : John
McIndoe, 1982
- « The
day Hemingway died », Dunedin : John
McIndoe, 1984
- « The
lynx hunter », Dunedin : John McIndoe, 1987
- « The
divided world », Dunedin : John McIndoe,
1989
- « Tomorrow
we save the orphans », Dunedin : John
McIndoe, 1992
- « The
ace of diamonds gang », Dunedin : John
McIndoe, 1993
- « A
many coated man », Dunedin : Longacre
press, 1995
- « When
gravity snaps », Auckland : Vintage, 2002
- « Watch
of gryphons », Auckland : Vintage, 2005
- « Living
as a moon », Auckland : Vintage, 2009
- «
The Larnachs », Auckland : Vintage, 2011
- «
The white clock », Dunedin : Otago university press, 2014
- « Love
as a stranger », Auckland : Vintage, 2016
- «
Pearly gates », Auckland : Vintage, 2019
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mise-à-jour : 22
octobre 2019 |
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