Le
garçon et la mer / Kirsty Gunn ; traduit de
l'anglais
(Nouvelle-Zélande) par Anouck Neuhoff. - Paris :
Points,
2008. - 165 p. ; 18 cm. - (Points, 1970).
ISBN 978-2-7578-0659-3
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Et
puis, bien sûr, la mer.
☐ p. 12 |
En
Nouvelle-Zélande comme aux îles Hawai'i le surf
est plus
qu'un sport — un mode de vie. Ward est le
fils d'une
légende et, à quinze ans, il tente difficilement
d'échapper à l'ombre où le
relèguent la prestance, la séduction et le
souvenir des
exploits de son père ; même les filles
n'ont d'yeux
que pour celui-ci.
Un jour de plein soleil, Ward
désœuvré sur la plage discerne les
signes
annonciateurs d'un vague de rêve et comprend qu'une chance
unique
va s'offrir.
Commence une longue et
patiente attente. Quand la
vague arrive “ exactement comme il l'avait
prévu ”, Ward doit courir pour ne pas se
faire
surprendre. Dans sa hâte, il aperçoit
“ là-bas au large ”,
une
“ petite silhouette comme figée devant la
montagne de
verre bleu qui se dresse derrière lui ”.
Ward ne sera
donc pas seul à tenter de maîtriser la
vague ; la
“ petite silhouette ” est celle
de son
père et la confrontation tournera à l'avantage du
plus
jeune — levant d'un coup ses incertitudes et ses doutes.
❙ |
Née
en Nouvelle-Zélance en 1963, Kirsty Gunn a fait ses
études à l'université Victoria et
à Oxford.
Elle a vécu à New York avant de s'installer
à
Londres en 1987. |
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EXTRAIT |
Toujours. C'est ce qui les attire, les familles qui viennent,
vers cette courbe de littoral où le soleil jaillit des
vagues au
point du jour et se répand le matin tout en rose, rouge et
jaune, des nappes de couleur sur les flots là où
montent
les marées. Peu importe où l'on est, ici dans la
pénombre ou bien là-bas au bord, il y a la
présence de la mer, comme quelque chose en ce moment
même
qui t'attend, qui te guette. Qui attend Ward et qui le guette, entre
les arbres. Bon d'accord, pourrait-il dire, il est ici,
d'accord ?
Il ne va pas tarder. Tu n'as qu'à l'attendre, la mer. Ce
n'est
pas comme s'il allait lui falloir une éternité
avant de
remettre sa planche à l'eau.
À
travers les arbres Ward vérifie une nouvelle fois les
reflets
indiquant comment les vagues se brisent, de petites hachures, basses et
régulières, hormis une gerbe d'écume
blanche
là-bas, au pied de la falaise, et puis il y a cette houle
qui
s'élève après la pointe, comme si
l'eau se
ramassait sur elle-même … Ça
donnera
forcément quelque chose tout à l'heure. Aux
alentours de
cinq heures, disons. Elle aura grossi et migré vers le sud
à ce moment-là, une jolie vague qui
déferlera
là-bas sur la plage, environ quatre cents mètres
après chez Falcon. Il devrait avertir les autres. S'il les
rejoignait maintenant, disons, s'il retournait sur la plage
où
ils sont tous, il pourrait leur en parler, comment s'annonce la suite,
les vagues, cette sensation que quelque chose va arriver, quoi, je ne
sais pas encore, un changement en tout cas, et ouais, il pourrait leur
en parler.
☐ pp. 13-14 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
The boy and the sea », London : Faber and
Faber, 2006
- « Le
garçon et la mer », Paris :
Christian Bourgois, 2007
|
- « Pluie »,
Paris : Christian Bourgois, 1996 ; Paris :
10/18,
1998 ; Paris : Seuil (Points), 2005
- « Histoire
aux yeux pâles », Paris :
Christian Bourgois, 1998 ; Paris : 10/18, 1999
- « Le
pays où l'on revient toujours »,
Paris :
Christian Bourgois, 1999 ; Paris : 10/18, 2000
|
- « My
Katherine Mansfield project », Honiton :
Notting Hill editions, 2015
|
- Patricia
Grace, « Potiki » new ed. with a
foreword by Kirsty Gunn, London : Capuchin classics, 2009
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mise-à-jour : 21
novembre 2018 |
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