Avec les
pêcheurs de Terre-Neuve et du Groënland
[réédition intégrale de l'original de 1936] / R.P.
Yvon ; lettre-préface du P. Benoît Joseph ;
préface du Dr Jean-Baptiste Charcot. - Saint Malo : L'Ancre
de marine, 1986. - 292 p. : ill. ; 21 cm.
ISBN 2-905-970-03-0
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NOTE DE L'ÉDITEUR :
La « Grande Pêche » à la morue
à Terre-Neuve débute en France à la fin du XVe siècle et atteint son apogée au début du XXe siècle avec près de 500 bateaux, goëlettes ou trois mâts, embarquant plus de 10 000 hommes.
La vie sur ces voiliers terre-neuvas est d'une extrême
dureté et c'est en 1894 qu'est fondée la
Société des Œuvres de Mer « pour
apporter sur les lieux de pêche même, des secours
matériels, moraux et religieux, aux marins isolés et
retenus pendant de longs mois loin des leurs, en des mers
tourmentées ».
Le Père Yvon fera plusieurs « campagnes »
de pêche sur les bancs de Terre-Neuve et du Groenland. Passant
d'un bateau à l'autre, il rendra visite à des milliers de
pêcheurs.
Il nous donne ici lecture de son journal de bord qui décrit
l'existence « terrifiante » de ces hommes que
l'on a appelés les « bagnards de la mer »
ou les « forçats de l'océan ».
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DR JEAN-BAPTISTE CHARCOT : […]
Que faut-il admirer le plus ? Ces marins de la très grande
pêche, dont le R.P. Yvon nous décrit l'existence
terrifiante ou lui-même qui, à l'image du Christ, son
Maître qui l'inspire, s'est fait le même homme qu'eux, pour
mieux secourir et leurs corps et leurs âmes ? Dans le
merveilleux équilibre de la nature le remède se dresse
à côté du mal. Pour vivre et faire vivre les leurs,
nos marins acceptent sur la mer le plus dur des purgatoires, presque
l'enfer ; le Pasteur de l'Océan n'abandonne pas ses brebis.
Devant ce troupeau, exemple émouvant de rudesse tendre, de
résignation énergique, devant son berger souriant et
miséricordieux dont les bras sont largement ouverts sur le Ciel
de Terre-Neuve et du Groënland comme ceux de la Croix,
inclinons-nous et recueillons-nous.
Le R.P. Yvon écrit comme il pense et comme il agit ; avec son cœur. Son Journal de Bord
est à la fois un roman vécu, autrement passionnant que
tout ce que l'imagination la plus féconde aurait pu produire et
un manuel de vie sur les Bancs ; c'est aussi un manuel de
bonté.
Lecteur, feuilletez cet ouvrage ! Ce sont là les seuls mots
que j'aurais dû écrire. Vous le lirez tout d'un trait
comme je l'ai fait ; et, comme moi, encore, en le fermant, vous
vous sentirez meilleur, car vous aurez reçu une belle
leçon d'Amour. Dans vos oreilles chanteront les vers de
Shakespeare :
« Mercy … is twice bless'd
It blesseth him that gives and him that takes. »
(« La charité apporte deux bénédictions ;
elle bénit celui qui donne et celui qui reçoit. ») — Le Marchand de Venise
☐ Préface
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EXTRAIT |
Saint-Pierre, le 3 mai 1934
Il fait un froid glacial. Toutes les
maisons sont encore chauffées au chauffage central.
L'église est chauffée aussi, sinon on ne pourrait
y tenir. On se croirait en plein hiver en France. L'île est
enveloppée d'un brouillard glacial qui semble pénétrer
dans le corps jusqu'à la moëlle des os. Il y
a quinze jours, le port était encore « enclavé »,
c'est-à-dire bloqué par les glaces ; actuellement,
il est parfaitement déclavé, mais l'île est
encore dans une atmosphère de brume et
de frimas. La corne à brume du phare de
« Galentry », qui imite parfaitement le
beuglement d'une vache, fait retentir continuellement sa sinistre
complainte.
☐ p. 94
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Avec
les pêcheurs de Terre-Neuve et du Groënland »,
Rennes : Imprimerie du Nouvelliste de Bretagne, 1936
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mise-à-jour : 23 février 2007 |
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