ANDRÉ DOMS : (…) Attablé, hôte instable,
au banquet de la vie, [Jean-François Patricola] mâche,
goûte, tâte incessamment ses propres « mots
de bouche », doux ou amers, âpres ou violents,
toujours véritables, en démiurge qui se passionne
et s'enchevêtre aux images de son monde ; de ses mondes,
pour mieux dire, puisqu'il est riche de ses déchirements
de Sicilien-Lorrain, de ces distances qui ouvrent l'oeil et le
cœur, non sans redouter du fait même les ravages, les
dégradations, la mort des valeurs que transmet le paysage,
tant intérieur qu'objectif. Adhésion et crainte
conjointe, Patricola les vit depuis toujours, en pleine conscience,
et les dit obstinément depuis ses plurielles Siciles.
Car la Trinacrie ne se réduit
pas à la société mafieuse, dénoncée
mais trop exposée par un Leonardo Sciascia. Son emblème
reste tournoiement autour d'une Gorgone de trois jambes pliées
qui, par avance, semblent symboliser le sort d'îliens souvent
contraints à faire le saut sur tel ou tel continent. Ce
que pleurent les ombres ici, ce sont bien « six
figures de l'exil sicule », six émergences
de l'être hors la « mer huileuse »
d'une fatale aliénation. Six proses pour traduire au plus
juste cet ancien grenier à blé où déferlèrent
et s'incrustèrent Phéniciens, Grecs de tous crus,
Romains, Byzantins, Arabes, Normands, Français, Aragonais,
sans omettre Garibaldi et la Savoie. (…)
☐ Avant-propos, pp. 9-10
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Siciles »,
Thonon-les-Bains : Alidades (Création), 1997
- « Venelles
éternelles », Cherves : Rafael de
Surtis Éditions (Pour une terre interdite), 1998
- « Amour et jalousie »
chants populaires siciliens du XIXe siècle édités
et traduits par Jean-François Patricola, Thonon-les-Bains :
Alidades, 2000
- « L'île sans
homme et sang rémission » édition bilingue,
Cherves : Éd. Rafael de Surtis, 2000
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