Nous disions donc, Matteo, que
le bruit de la mer empêche les poissons de dormir ?
/ Dominique Buisset. - Marseille : Le Mot et le reste, 2005. -
101 p. ; 21 cm.
ISBN 2-915378-13-4
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Ne rien
faire, au bord du monde, où de vagues cailloux usent le
temps sans souci, et les objets perdus. Rien n'est pour rien, mais les
rivages sont pour le vide et l'abandon ; à ce qui
roule et se tait là ; jusqu'à l'autre
ligne, l'extrême, la régulière,
à l'opposé de celle-ci que tourmente le baiser
sourd des pierres et de l'écume.
L'auteur nous fait lire des
proses brèves où l'image enlumine des paysages
secs et spirituels, ivres de poussière et de vent. Les
narrations, concises, s'ancrent dans un ailleurs et dans la
mémoire écrasée du temps.
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EXTRAIT |
Calypso, l'ombreuse, l'isolée,
l'ombrageuse, voilée, dans la touffeur d'après la
sieste, par un chemin d'eucalyptus, descend vers la mer, immortelle.
Devant elle marche celui qui n'a pas voulu être un
dieu : il la quitte pour une patrie d'instants. Elle se
baignera, tandis qu'il appareille, dans l'eau transparente comme une
éternité. Du bord de son radeau
soulevé par la houle, il lui fera signe. Mais elle sait
déjà que dans ses yeux elle est comme une jeune
morte, dans la pierre gravéee, qui s'érode. Elle
reste, doucement envieuse de son beau plaisir … Une
flèche immobile, comment l'arrêter du regard dans
l'écrasement bleu ? Il va lui rendre le mouvement
— à sa vie — entre les yeux du vent. Il
aime mieux une mortelle avec lui qui aille où tout se
dérobe. Le réveil tique-taque, la planche fuit
sous le poids, il s'embarque. Naufrage fait, il restera du bonheur
à nager.
☐ Retour, p. 99
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mise-à-jour : 6
décembre 2006 |
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