Le
septième fils / Arni Thorarinsson ; traduit de
l'islandais
par Eric Boury. - Paris : Métailié,
2010. -
350 p. ; 22 cm. - (Bibliothèque
nordique).
ISBN
978-2-86424-724-1
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Le
roman a été publié en 2008, quand
montait la crise
financière qui allait secouer durement l'île
endormie sur
sa prospérité — une
société tellement paisible, sereine et
honnête (p. 60).
Dans
les Fjords de l'Ouest, loin de Reykjavik où se concentrent
pouvoirs économiques et politiques, l'avenir
s'assombrit ;
l'activité des pêcheries s'essouffle, les vieilles
solidarités se distendent et de nouvelles figures incarnent
la
réussite : joueurs de football, vedettes de la
chanson
populaire, affairistes.
Dans un monde qui se sait
fragilisé, les accidents de la vie sociale avivent les
tensions
et font office de révélateur : incendie
d'un maison,
profanation d'une tombe, succession de meurtres que rien en apparence
ne relie les uns aux autres.
Le
journaliste
dépêché sur place
pour éclairer ces
sinistres évènements et tenter de faire
apparaître
l'intrigue qui les sous-tend prend la mesure du trouble d'une
société qui perd ses repères.
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Arni
Thorarinsson est né en 1950 à
Reykjavík où
il vit actuellement. Après un diplôme de
littérature comparée à
l’université
de Norwich en Angleterre, il devient journaliste dans
différents
grands journaux islandais. Il participe à des jurys de
festivals
internationaux de cinéma et a été
organisateur du
Festival de cinéma de Reykjavík de 1989
à 1991. |
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EXTRAIT |
— Société Veidiafl,
bonjour.
— Pourrais-je parler à
Kristjan Örlygur, s'il vous plaît ?
— De la part de qui ?
— Einar, du Journal du soir.
— Un instant, s'il vous plaît.
Les instants deviennent longs. Ils s'accompagnent
d'une version de supermarché de la chanson En mer dont je
fredonne vaguement les paroles :
Les vaillants
marins d'autrefois
Venaient sur les libres côtes
d'Islande …
Tout en méditant sur ces libres
côtes d'Islande, je me pose la question : que
sont-elles devenues ?
— Kristjan à l'appareil,
répond finalement une voix.
Je
me présente à nouveau, j'explique que je me
documente sur
Fjalar Teitsson et je demande quelques renseignements sur la vente du
quota qu'il a conclue avec Veidiafl à Akureyi.
— Sjosokn voulait vendre,
Veidiafl était acheteur, c'est tout, renvoie la voix
profonde du directeur.
— Je comprends. Quel
pourcentage avez-vous acquis et à quel prix ?
— Nous ne communiquons pas
cette information, il s'agit d'une transaction commerciale entre deux
partenaires.
— Voilà qui a
dû représenter un gros morceau pour votre
entreprise, non ?
Il s'esclaffe.
— Oui, un sacré
morceau, mais pas au point de nous étouffer !
— C'est-à-dire
que la transaction est entièrement
réglée ?
J'entends par là que tous les paiements avaient
été effectués au moment de la
disparition brutale
de Fjalar ?
— En
effet, sa disparition a été brutale. Et terrible.
Mais si
c'est dans ces eaux-là que vous entendez pêcher,
alors
non, nous n'avions plus aucune affaire en cours.
— Vous connaissiez bien
Fjalar ?
— Non.
Nous entretenions des relations uniquement commerciales, assez
régulières, du reste, et honnêtes de
part et
d'autre.
— Tout
le monde à Isafjördur ne trouve pas qu'il ait
été très honnête de sa part
de vendre le
quota de la communauté.
— C'est
bien possible, mais ce n'est pas mon problème. Nous
dirigeons
notre entreprise en préservant nos
intérêts. Les
gens des Fjords de l'Ouest ne peuvent s'en prendre qu'à
eux-mêmes s'ils sont incapables de préserver les
leurs.
C'est tout simplement comme ça que ça se passe
aujourd'hui en Islande.
— On se demande à
quoi Fjalar a pu consacrer tout cet argent.
— Les
Islandais passent leur temps à penser à l'argent.
Surtout
quand il s'agit de grosses sommes qu'ils voudraient bien voir atterir
dans leur poche plutôt que dans celle du voisin. L'Islande
n'est
plus isolée du reste du monde en ce qui concerne les
investissements et les profits qu'ils peuvent dégager. Cette
époque est depuis longtemps révolue. Les gens qui
ont
beaucoup d'argent peuvent l'investir ici ou ailleurs. Ils peuvent, si
ça leur chante, aller jouer à la loterie sur les
marchés boursiers du monde entier.
— Fjalar s'adonnait
à ce genre de loterie ?
— Comment
je le saurais ? Je m'efforce simplement d'élargir
quelque
peu votre horizon de journaliste. Les médias islandais sont
tellement à la traîne. Vous en êtes
restés
à l'époque où on pêchait
avec des barques
à rame !
☐ pp. 169-170 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Sjöundi
sonurinn », Reykjavik : JPV, 2008
- « Le
septième fils », Paris : Points (Points policier, P2726), 2011
|
- « Le
temps de la sorcière », Paris :
Métailié (Bibliothèque nordique), 2007 ;
Paris : Points (Points policier, P2016), 2008
- « Le
dresseur d'insectes », Paris :
Métailié (Bibliothèque nordique), 2008 ;
Paris : Points (Points policier, P2255), 2009
- « L'ange
du matin », Paris : Métailié (Bibliothèque
nordique),
2012 ;
Paris : Points (Points policier, P3142), 2013
- « L'ombre
des chats », Paris : Métailié (Bibliothèque
nordique),
2014 ;
Paris : Points (Points policier, P4188), 2015
- « Le
crime : histoire d'amour », Paris :
Métailié (Bibliothèque nordique), 2016 ; Paris :
Points (Points
policier, P4585),
2017
- «
Treize jours », Paris : Métailié (Bibliothèque
nordique),
2018
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mise-à-jour : 10
octobre 2018 |
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