La Tour d'amour [Reprod. en fac-sim. de
l'éd. G. Crès, 1916] / Rachilde. -
Paris : Le Tout sur le tout, 1980. -
262 p. ; 19 cm.
ISBN 2-86522-001-X
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RACHILDE
VUE PAR RACHILDE :
On a reproché à Mme Rachilde, lors de la
publication de son roman La Tour d'Amour, le
« romantisme » du vieux gardien
de phare qui coupe la tête des belles noyées pour
la garder longtemps, la voir souvent et l'embrasser. Lors de l'affaire
de Muy, bien postérieure à la publication du
volume, on a remarqué qu'Ardisson faisait exactement la
même chose. Le Docteur Ritti, dans les Annales
médico-psychologiques de
novembre-décembre 1901, le note dans les termes
suivants : « Tout récemment, un
romancier de talent, Rachilde, reprenait le même sujet. Il
s'agit cette fois, d'un gardien de phare qui violait les cadavres que
la tempête jetait sur son rocher solitaire. Fait curieux, le
père Mathurin, — le héros de
ce roman, — comme le nécrophile de Muy,
avait coupé la tête d'une de ses victimes et la
conservait dans un endroit retiré et presque inaccessible de
son phare, où il grimpait pour la voir et l'embrasser. La
fiction du romancier semble avoir prévu l'abominable
réalité ».
☐ Mercure de France (1903),
cité en annexe à la
réédition du roman en 1980
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EMILE
CONDROYER :
La littérature […] ne se donne pas des gants pour
interpréter la vie de ces gardiens de phare.
[…]
Pourquoi Mme Rachilde
rattache-t-elle à la Marine une administration qui n'a
jamais relevé jusqu'à ces derniers mois que des
Travaux Publics ? Pourquoi donne-t-elle à une
histoire extravagante de vieillard lubrique le décor du
phare d'Ar-Men, seul de son espèce au monde, alors que
chaque notation révèle qu'elle ne sait
à peu près rien de sa construction, de son
agencement, de la vie qu'on y mène ? Je le regrette
d'autant plus que [c'est là un auteur] que j'aime.
☐ « Des
hommes dans la tempête »
(1930), pp. 21-22
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ANGÈLE
PAOLI : […]
Sous
la plume de Rachilde, mythes et légendes se superposent et
mêlent ensemble leurs mystérieux tentacules.
C’est
dans le goût ambigu pour les images violentes et morbides que
se
lit l’esprit « fin de
siècle ». Dans
le recours aux visions hallucinées inspirées des
grands
mythes de la castration. L’esprit « fin de
siècle » est bien là
à
l’œuvre dans ce roman qui infiltre de ses strates
sombres
la Tour d’amour. Un roman violent et envoûtant,
bouleversant, qui laisse longtemps gravées dans la chair ses
images de mer, d’amour et de mort.
→
Rachilde | De mer, d’amour et de mort, in La Revue
de Poésie
& de Critique d'Angèle Paoli [en
ligne]
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EXTRAIT |
Par la lucarne de ma chambre de guette, une vitre
ovale, très épaisse, garnie d'un filet d'acier,
on apercevait la grande mer mouvante qui roulait à vous
tourner l'estomac. On avait l'air en ballon, tous les points d'appui
vous manquaient à la fois. On était suspendu sur
le vide qui se creusait, se creusait comme pour mieux vous engloutir,
et le sacré vertige montait, vous serrait la gorge, vous
chavirait des pieds à la tête. On ne marchait pas,
on tournait avec la mer, et, quand le vent soulevait l'eau à
des hauteurs prodigieuses, il semblait soulever aussi le
phare ; on le sentait vibrer du haut en bas, il se
balançait, il saluait, il valsait …
jamais navire en perdition n'avait exécuté de
danse pareille. C'était la danse éternelle, le
supplice de ceux qui ont trop voyagé à fond de
cale. Maintenant on restait immobile, mais la cervelle s'embarquait,
bondissait, se perdait à travers des espaces
inconnus … la course à la
folie …
☐
p. 79
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « La
Tour d'amour », Paris : Mercure de France,
1899
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- «
La Tour d'amour » in Le roman des phares, éd.
par Dominique Le Brun, Paris : Omnibus, 2001
- « La
Tour d'amour » préface d'Edith Silve,
Paris : Mercure de France, 1994
- « La
Tour d'amour », Paris : J. Ferenczi, 1942
- « La
Tour d'amour », Paris : Flammarion, 1930
- « La
Tour d'amour », Paris : Georges
Crès, 1916
|
→ Morganie Leray, « La Tour d’Amour
de Rachilde : l’hybris des sens, la
démesure de
l’écriture », Centre interdisciplinaire
d'étude des littératures d'Aix-Marseille,
2014 [en
ligne]
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mise-à-jour : 29
novembre 2017 |
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