parutions 2003

Cinq courts récits disent l'art de vivre entre ciel et mer, à Ouessant.

Le premier récit — qui donne son titre au recueil — relate une expérience marquante qui avait, en son temps, retenu l'attention de la presse locale : « La très mauvaise visibilité en mer a failli jouer un bien vilain tour à un marin d'Ouessant. Il était aux environs de 16 H 30 lundi, lorsque M. Bernard Nastorg (...), installé sur l'île depuis de nombreuses années, a pris sa barque de 2,10 m pour effectuer une promenade » (Le Télégramme, 10 mai 2000). L'aventure est relatée sans pathos inutile, mais non sans fortes images ; seuls les derniers mots donnent la mesure de l'épreuve, et ses conséquences.

Une même tonalité caractérise les autres récits où se lisent les plaisirs, et l'âpreté, de la vie insulaire.

EXTRAIT

C'était dans la baie de Nomeur, au nord de l'île, près du petit port de Yusin. J'y avais repéré une forme étrange qui aurait pu être une bouée à la dérive, dans des tons plutôt passés. Je m'étais approché, pensant à une bonne prise. Las ! Arrivé à proximité, voilà que ma bouée disparut, peut-être un effet de vague et l'orin qui aurait croché. Je continuais à m'approcher, mais je ne vis plus rien ; tant pis me dis-je, ce n'est rien, je retourne à la pêche. Une minute plus tard, une tête de cheval surgit à moins d'un mètre de mon tableau arrière. C'était un phoque gigantesque, d'une couleur mi-ocre mi-brun qui ne manifestait aucune hostilité et qui n'avait qu'une envie, jouer, ce dont il ne se priva pas. ☐ Jojo, mon ami, pp. 16-17