GILLES SERVAT : Cadou est un tel poète, qu'en
le côtoyant on se sent porté, naturellement, au
meilleur. Cependant, malgré cette assurance de dépassement
personnel, la question se pose à chaque fois : comment
joindre une expression musicale ou plastique à celle de
Cadou ? Où trouver place, dans ces poèmes
où rien ne manque, où rien n'est en trop ?
Paradoxalement, cette place est
vaste, voire illimitée, si, délaissant la paraphrase,
nous nous situons dans le non-dit. […] C'est dans ce champ
qu'éclosent les photos de Christian Renaut. Il n'a pas
souhaité l'illustration plate, bête, inutile. Il
s'est posé hors de l'anecdote, avec ses noirs et blancs
gros eux-mêmes d'une immense part de non-dit, ou plutôt,
pour des photos, de non exprimé.
Ainsi, nous avons, incrusté
dans l'or des poèmes de Cadou, d'autres poèmes,
visuels, imbrication de non-dit et de non-dit, de fenêtres
ouvertes sur d'autres fenêtres, de rêve dans le rêve,
que, seul, un photographe inspiré, capable de situer dans
l'éternité un voile de dentelle ou un reflet sur
une main, pouvait réaliser. Car, pour côtoyer Cadou,
il faut savoir trouver la beauté dans le simple et l'éternel
dans l'éphémère …
☐ Préface
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