Les îles du
Hollandais / Philippe Boyer. - Paris : Seuil, 1993. - 350 p. ;
21 cm. - (Roman).
ISBN 2-02-018167-3
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Ultime étape
d'une quête qui l'a promené d'un bistrot parisien
aux Cyclades : le héros, à qui il arrive de
se voir en moderne avatar du Hollandais volant, se retrouve
aux confins occidentaux de l'Europe ; il embarque pour une
île où devraient se dénouer les tensions
qui l'agitent.
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Thomas, dit « le Hollandais »
parce qu'il se croit, comme le héros wagnérien,
condamné à errer perpétuellement jusqu'à
ce qu'un grand amour le délivre des sujétions de
l'absolu, passe ses journées au café Flora à
ruminer ses désastres et à revivre, de rêverie
en rêverie, ses amours. Sa préoccupation essentielle
se pose en ces termes : comment désormais remonter
à la surface de la vie des autres ? Mais à
cela il faut, bien sûr, un programme.
Le voyage en Grèce, sept
jours de genèse dans une île, servira de prétexte
à une étrange quête : jour après
jour se précisent les liens ambigus qui lient Thomas à
son frère Malcolm, dit « l'Irlandais »,
son double réussi, l'homme fort qu'il envie et qu'il admire.
[…] Qui est Thomas ? Qui est Malcolm ? Lequel sert
donc de substitut à l'autre ? Cette question de l'identité
et du nom, comme le thème du Hollandais, court, véritable
vague lyrique, tout au long du roman. Elle introduit dans le
récit d'imperceptibles fissures qui trouveront leur explication
dans la troisième partie du livre, au large de la Bretagne,
sur un îlot rocheux, l'Île-aux-Cryptes.
Les Îles du Hollandais emprunte tout à la fois au roman
d'apprentissage et au voyage initiatique : au premier l'ampleur,
au second le mystère. Aux, deux la recherche exaspérée
d'une solution.
[…]
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EXTRAIT |
[…] l'île du bout du
monde où nous avions partagé jadis nos plus belle
fables, chaque été une overdose d'enfance heureuse
[…] une sorte d'île absolue, creusée en ses flancs
de cryptes énigmatiques affouillées des colères
de la mer, une femme aux mille vagins de granit, déesse
noire, la Kellerinsel, le dernier caillou avant l'Amérique.
[…]
Et l'île, la Kellerinsel,
hauturière et farouche, noire vigie du vieux
continent fatigué, une corne de taureau
plantée dans l'océan. Le bout du monde, je n'en
connais pas d'autre, où se referme le cercle du temps.
J'ai pourtant voyagé, connu des îles du nord et du
sud, de l'est et de l'ouest, enneigées comme
de jeunes vierges ou plombées de soleil noir, mais rien
qui approchât jamais la force nue de ce caillou.
☐ pp. 255-256
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mise-à-jour : 6 août 2005 |
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