Cathal Ó Searcaigh

Le chemin du retour (Pilleadh an deoraí)

La Barbacane

Fumel, 1996

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Irlande
Le chemin du retour (Pilleadh an Deoraí), poèmes gaéliques / Cathal Ó Searcaigh ; éd. bilingue établie par Arthur J. Hughes. - Fumel : La Barbacane, 1996. - 149 p. ; 21 cm.
ISBN 2-900058-34-1

ARTHUR J. HUGHES : Cathal Ó Searcaigh est né en 1956 à Mín a' Leá, un petit village proche de la ville de Gort an Choirce dans le comté du Donegal (Dún na nGall en gaélique). Quand on consulte aujourd'hui une carte de l'Irlande, on s'aperçoit que ce comté se trouve à l'extrême Nord Ouest du pays. Certains disent qu'il se situe en Irlande du Sud … Bien que le point le plus au nord de l'Irlande soit dans ce comté !

[…]

D'un certain point de vue, on peut considérer Cathal Ó Searcaigh comme un poète baignant dans la source de l'héritage gaélique. […] Cependant, on peut aussi remarquer qu'il s'agit d'un poète qui a suivi son propre chemin et qu'il était prêt à adapter sa propre langue à des concepts qui n'avaient pas de rapport particulier avec Mín a' Leá, comme la vie déracinée de la grande ville, de la cité. Dans le poème “ Bó Bhradach ” (Vache errante), le sujet s'évade des frontières traditionnelles “ entre lesquelles les liens du sang et de la religion l'ont confiné ” et dans “ An Díbeartach ” (L'exclu), Ó Searcaigh se décrit comme quelqu'un qui est à l'extérieur et pourtant à l'intérieur de son peuple dans les temps à venir :

Un jour, pourtant, ses poèmes
deviendront des îlots d'espoir et de refuge
dans les océans de leurs ténèbres.

[…]

Cathal Ó Searcaigh est quelqu'un qui est coincé dans une période intermédiaire entre celle de la vieille Irlande qui remonte aux Gaels de la préhistoire et celle de la nouvelle Irlande qui avance vers le 21e siècle et regarde le monde autour d'elle. Comme il a goûté à la vie des grandes cités comme Dublin et Londres où il a vécu pendant un certain temps lorsqu'il était jeune homme, on retrouve fréquemment dans son œuvre l'empreinte claire de la tension entre la vie citadine et la vie campagnarde. […] Comme écho à ce sentiment de déracinement […] on peut lire “ Portráid den Ghabha mar Ealaíontóir Óg ” (Portrait du forgeron en jeune artiste) ou le poème “ Níl Aon Ní ” (Rien). Bien que l'on considère le soulèvement de Pâques 1916 à Dublin comme un grand moment de l'histoire irlandaise, il est intéressant de noter comment Ó Searcaigh célèbre l'œuvre de Máirtín Ó Díreáin (1910-1988) poète des Îles d'Arann (Inis Mór, Comté de Galway) comme si cette œuvre était en soi une république dans le poème “ An Fuascailteoir ” (Le libérateur).

[...]

Préface, pp. 13-19

EXTRAIT
NA PÍOPAÍ CRÉAFÓIGE

Ní chasfaidh tusa thart do chloigeann
agus an bás ag rolladh chugat mar an t-aigeán.

Coinneoidh tú ag stánadh air go seasta
agus é ag scuabadh chugat isteach ina spraisteacha geala
ó fhíor na síoraíochta.
Coinneoidh tú do chíall
agus do chéadfaí agus é ag siollfarnaigh
thar chladaí d'inchinne
go dtí go mbeidh sé ar d'aithne
go huile agus go hiomlán
díreach mar a rinne tú agus tú i do thachrán
ar thránna Mhachaire Rabhartaigh
agus tonnta mara an Atlantaigh
ag sealbhú do cholainne.
Ach sula ndeachaigh do shaol ar neamhní
shroich tusa ciumhais an chladaigh.
Tarlóidh a mhacasamhail anseo.
Scroichfidh tú domhan na mbeo
tar éis dul i dtaithí an duibheagáin le d'aigne ;
ach beidh séala an tsáile ort go deo,
beidh doimhneacht agat mar dhuine :
as baol an bháis tiocfaidh fírinne.

Ní thabharfainn de shamhail duit i mo dhán
ach iadsan i gcoillte Cholumbia
ar léigh mé fá dtaobh daofa sa leabharlann :
dream a chaitheann píopaí daite créafóige, píopaí
nár húsáideadh riamh lena ndéanamh
ach scaobóga créafóige
a baineadh i mbaol beatha
i ndúichí sean-namhad, gleann scáthach
timepallaithe le gaistí, gardaí agus saigheada nimhe.
Dar leo siúd a deir an t-alt tuairisce
nach bhfuil píopaí ar bith iomlán,
seachas na cinn a bhfuil baol
ag baint le soláthar a gcuid créafóige.

        pp. 120-122

PIPES EN TERRE

Tu ne tourneras pas le dos à la mort
quand elle déferlera sur toi comme l'océan.

Tu lui feras face sans reculer
quand elle avancera vers toi des profondeurs de l'éternité
en poudroiements de blanche écume.
Tu garderas la raison et
conserveras tes sens lorsqu'elle submergera
les rives de ton esprit
ainsi tu sauras ce qu'elle est,
totalement, intimement,
comme quand tu étais gamin
sur les plages de Machaire Rabhartaigh
et que les grandes vagues de l'Atlantique
s'emparaient de ton corps.
Mais avant que ta vie ne soit réduite à néant
tu es parvenu jusqu'au rivage,
la même chose se produira alors.
Tu atteindras le monde des vivants
après avoir fait l'expérience des abîmes
l'eau de mer marquera ton corps à jamais,
ta personnalité prendra son épaisseur ;
du danger de la mort te viendra la vérité.

Dans ce poème je ne pourrai trouver de meilleure comparaison,
que celle de ce peuple des forêts colombiennes
que j'ai découvert à la bibliothèque :
une tribu qui fume des pipes en terre
des pipes colorées uniquement fabriquées
de mottes de terre
arrachées au péril de la vie
dans des territoires ennemis : une vallée effrayante
pleine de pièges, de guerriers, de flèches empoisonnées.
À en croire ce reportage,
une vraie pipe ne peut être faite
que d'une terre
obtenue au prix de grands dangers.

        pp. 121-123

CATHAL Ó SEARCAIGH EN GAÉLIQUE, EN ANGLAIS ET EN BRETON
  • « Homecoming - An bealach 'na bhaile », Indreabhán (Co. Galway) : Cló Iar-Chonnachta, 2000
  • « Distreiñ d'ar gêr » raskrid gant Art J. Hughes, lakaet e brezhoneg gant Herve ar Bihan, Alan Botrel, Gwendal Denez & Art J. Hughes, Lesneven : Mouladriou Hor Yezh, 1997

mise-à-jour : 11 mai 2005

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