Olivier Germain-Thomas

Manger le vent à Borobudur

Gallimard

Paris2013
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regards sur l'Insulinde

parutions 2013

Manger le vent à Borobudur / Olivier Germain-Thomas. - Paris : Gallimard, 2013. - 167 p. ; 21 cm. - (Le Sentiment géographique).
ISBN 978-2-07-013835-7
En indonésien, marcher se dit : “ manger le vent ”.

NOTE DE L'ÉDITEUR : L'Indonésie reste à découvrir.

Au cœur de Java se dresse le plus grand sanctuaire bouddhique du monde : Borobudur. Ses neuf étages contiennent des énigmes. Peut-on les éclairer ? Si le texte aborde, par touches, les aspects culturels, le récit raconte avant tout un voyage accompli avec un regard toujours curieux. Voici l'ascension de volcans habités par les Esprits, un rituel chamanique à Bali, Bandung, Jakarta, plus loin Singapour … Les étapes sont l'occasion de rencontres comme celles avec un moine bouddhiste, un traditionaliste musulman, un savant déjanté porteur d'une révélation ou une prostituée qui demande de l'aide.

Le récit est conduit avec la fantaisie et le lyrisme déjà présents dans La tentation des Indes et Le Bénarès-Kyôto. Pour Olivier Germain-Thomas, l'écriture du voyage est le creuset où les différents genres se rencontrent pour exprimer les multiples aspects de la vie.
       
Olivier Germain-Thomas ne refuse pas l’étiquette d’écrivain-voyageur, qui va si bien à ce marcheur, né en 1943 à Brive, docteur en esthétique, ancien producteur à France Culture, romancier et homme de culture imprégné par les spiritualités du monde.
EXTRAIT Après le tour de la première galerie [du temple], nous sommes censés nous trouver en face du volcan Merapi, un seigneur qui culmine à 2 911 mètres. Il s’est à nouveau réveillé en 2010 avec des coulées sanglantes. Il n’est pas abusif d’évoquer le dieu Shiva bien que nous soyons ici dans l’aura du bouddhisme. Foin des clivages ! L’enfant curieux fait des trous dans les palissades. Le Merapi est le feu de la mort ; il devient source de vie quand ses entrailles fertilisent les plaines qui se couvrent de vert. La dernière éruption a enveloppé de cendres le sanctuaire de Borobudur, lui donnant un voile de veuve.

Le sanctuaire et le volcan entretiennent une relation passionnelle, autrement dit : surprenante et cruelle. Du haut du monument, quand on aperçoit au loin la silhouette racée du Merapi (pas ce soir), on acquiert la certitude que le choix de construire le plus grand temple bouddhique sur un mamelon qui domine une plaine fécondée par une montagne coiffée de fumées n’a pu se faire qu’avec l’élan inquiet de qui s’approche du sacré. Les dieux souterrains — les bouddhistes de l’époque croyaient aux dieux — s’exprimaient par des jets de feu qui devenaient sources de fécondité. L’homme leur a répondu par une œuvre de pierre construite parmi la luxuriance équatoriale. Non un combat, un dialogue. Comment savoir qu’il serait interrompu pendant un millénaire quand Borobudur a été abandonné au monde végétal, avant de renaître ; mais pour quel dessein ?

pp. 15-16
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Olivier Germain-Thomas, « Marco Polo », Paris : Gallimard (Folio biographies, 71), 2010
lectures suggérées par Olivier Germain-Thomas
  • Elizabeth D . Inandiak (éd. et trad.), « Les chants de l'île à dormir debout : le livre de Centhini », Gordes : Ed. du Relié, 2002 ; Paris : Seuil (Points-Sagesses, 204), 2005
  • Christine Jordis, « Bali, Java, en rêvant », Monaco : Ed. du Rocher, 2000 ; Paris : Gallimard (Folio, 4154), 2005
  • Paul Mus, « Barabudur : esquisse d'une histoire du bouddhisme fondée sur la critique archéologique des textes » (1935), Paris : Arma Artis, 1990
  • Jean-Louis Nou (photographies) et Louis Frédéric, « Borobudur », Paris : Imprimerie nationale, 1994

mise-à-jour : 10 février 2022
Olivier Germain-Thomas : Manger le vent à Borobudur
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