L'assassinat d'Yvon Toussaint
/ Yvon Toussaint. - Paris : Fayard, 2010. -
371 p. ; 22 cm.
ISBN
978-2-213-63013-7
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| Dans le vaudou … le mort peut envahir le vif, mais pas l'inverse.
☐ p. 150 |
Le 1er mars 1999, Yvon Toussaint, médecin et sénateur
haïtien, est abattu d'une balle dans la tête devant
son
domicile de Port-au-Prince. Menée sans véritable
conviction et sans moyens, l'enquête s'est très
vite
enlisée. En 2008, Yvon Toussaint, journaliste belge
à la
retraite, décide d'éclairer le parcours
brutalement
interrompu de ce lointain jumeau
et se rend sur place, décidé à “ inventer
aux deux sens du mot : découvrir ou à
défaut créer ”
(p. 247).À Port-au-Prince autant qu'à Mirebalais
sur le
Plateau Central, en plein “ pays d'en
dehors ”,
nombreux sont ceux qui n'ont pas oublié le
médecin
obstiné, toujours disponible, et par ailleurs couvert de
femmes,
fournissant à l'auteur-enquêteur les
éléments d'un portrait attachant à
défaut
des clés qui permettraient d'élucider les causes
et
circonstances précises de l'assassinat.
Parallèlement,
s'ébauche un reportage sur la société
haïtienne.Roman comme
l'annonce la page de titre ? Montage d'une matière
première narrative
originale ? Le texte est régigé
à la
deuxième personne : “ Tu
pianotes sur le clavier
de l'ordinateur et la dépêche surgit des
limbes … ” (incipit du
chapitre 1,
p. 19) ; “ Tu détaches
ta
ceinture ” (dernière phrase,
p. 372). Des deux
Yvon Toussaint, qui dit “ tu ”
à qui ?
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EXTRAIT |
Pour la deuxième fois, te voici
soulagé.
Après Chavannes et son apologie du
« micro-héros », le
docteur Henrys vient
de t'expliquer en quoi Yvon avait été un
personnage
estimable. Pas considérable, non, mais nécessaire
pour
que le tissu d'une société comme celle
d'Haïti ne se
déchire pas. Un de ces opiniâtres qui s'adossent
pour
éviter le pire et rajustent sans cesse la charge sur leurs
épaules. Un de ces inusables, comme ce passeur d'eau dont,
écolier de sept ans, tu ânonnais les
mérites
magnifiés par le poète belge Émile
Verhaeren :
Le passeur
d'eau, les mains aux rames,
À contre-flots depuis longtemps
Luttait, un roseau vert entre les dents.
Avait-il conscience de son statut dans le combat qu'il
menait ? Non, sans doute. L'introspection ne devait pas
être
son fort. Il n'en avait ni le goût, ni l'âge. Tu
estimes
même que l'envie d'analyser ses états
d'âme ne lui
serait jamais venue, avec les années. Sans doute
était-il
trop modeste pour cela.
☐ pp. 185-186 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Yvon Toussaint,
« L'autre Corse »,
Paris : Fayard, 2004
- Yvon
Toussaint, « Le manuscrit de la
Giudecca »,
Paris : Fayard, 2004 ; Librairie
générale
française (Le
Livre de poche, 15567), 2003
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mise-à-jour : 8
décembre 2013 |
Yvon
Toussaint est mort le 5 décembre 2013,
à Bruxelles où il était né
le 23 septembre 1933. |
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