MONTFORT G. ALEXIS : […]
Né à Port-de-Paix,
l'auteur de Pleurs et espoir s'inspire des gloires de
Capois La Mort, héros de la guerre de l'indépendance,
pour dessiner, avec toutes ses nuances, la réalité
horrible d'Haïti. À un moment où l'on se croit
réduit à néant, il s'érige en porte-parole
et défenseur pour dire à haute voix, d'un ton poncé,
ce que l'on murmure à voix basse. Agronome de formation,
Jean-Yvon est le témoin de tous les malheurs, mensonges
et injustices que vit le peuple haïtien. Au cours de ses
multiples va et vient entre les campagnes abattues et les villes
ruinées (plus de 110 communes visitées sur un total
de 132), il a acquis des expériences qui lui donnent la
légitimité de former ses propres opinions de la
comédie haïtienne.
Obsédé par l'idée
de contribuer à l'éclosion d'une pensée
neuve et positive, il a conçu une série de textes
en vers et en prose, un dialogue, une scène théâtrale.
Il nous transporte au-delà de l'imagination pour nous
raconter les tares et les récits vrais de notre société,
pénétrer l'âme coupable et ensanglantée
de l'homme haïtien.
A travers « Haïti :
pleurs et espoir », il entend dissiper cette confusion
existant entre amour pour la patrie et volonté de blasphémer
l'image de cette patrie qu'on prétend aimer. Il tient
à nous convaincre que, en dépit de la pauvreté
extrême et du mépris pour les lois qui poignardent
et déshumanisent la société haïtienne,
il existe une nature fraîche et un monde déchiré
par les luttes de classes et de couleurs.
[...]
☐ Préface, p. 5
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EXTRAIT |
[…]
Où sont les flamants roses ?
Où sont les pélicans ? Où sont les
caleçons rouges ? Où sont les hirondelles ?
Où sont les belles fleurs ? Où sont les gros
poissons ? Nous les avons détruits, nous les avons
chassés, nous les avons éliminés pour satisfaire
notre faim sans souci du lendemain. Aujourd'hui plus que jamais,
la nature crie Pitié. Les oiseaux sont partis en quête
d'une terre plus hospitalière, nos arbres ont disparu,
notre terre arable se jette cruellement dans la mer, attendant
tous d'être suivis par nos frères … boat-people.
Et nos décideurs nationaux
comme de vrais mannequins se croisent les bras, insouciants,
insensibles et … je ne sais quoi. D'après eux,
il n'y a pas raison de s'inquiéter. Et quiconque pense
autrement est un ennemi juré, un homme à abattre,
un antinationaliste. […]
☐ p. 74
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