Duvalier :
la face cachée de Papa Doc / Jean Florival ; « Point de vue de
l'éditeur » par Rodney Saint-Eloi. -
Montréal : Mémoire d'encrier, 2007. -
293 p. : ill. ; 22 cm. -
(Chronique).
ISBN
978-2-923153-82-7
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Avant
de se résigner à l'exil, en 1967, Jean Florival a
vécu de l'intérieur l'ascension puis le
règne du docteur Duvalier (1).
Les relations qu'il a su maintenir avec l'entourage le plus proche du
dictateur, la précision et le recul pris dans la relation
des
événements, confèrent à son
témoignage une importance capitale.Derrière une
succession d'observations qui pourraient sembler anecdotiques, le
récit sert la connaissance historique d'un
épisode
particulièrement dramatique de la vie d'Haïti et,
surtout,
dévoile les ressorts qui arment
l'entreprise
totalitaire et activent la mise-en-œuvre quotidienne de la
terreur.
Ainsi, comme le relève Sauveur Pierre Etienne, “ l'originalité de la dictature de Papa
Doc, c'est
que, en tant que pouvoir sans bornes, elle ne supporte aucun cadre
institutionnel lui imposant des limites à ne pas
franchir ” (2).Affranchi
des cadres et mécanismes institutionnels, Duvalier instaure
un
régime où les contraintes politiques et, a
fortiori,
morales sont absentes ; les seuls mobiles d'action qui
s'imposent
sont triburaires des caprices et foucades du dictateur et de la cour
extravagante et dépravée qui l'entoure. Jean
Florival
relate avec précision et finesse la sinistre chronique du
règne de cet Ubu caribéen. 1. | François
Duvalier, né en 1907, médecin et ethnologue, a
régné sur Haïti du 22 octobre 1957 jusqu'à sa
mort le 21 avril 1971 ; son fils Jean-Claude lui a
succédé jusqu'au 7 février 1986. | 2. | Compte-rendu du livre de Jean Florival, Le Nouvelliste, 9 novembre 2007 [en ligne] |
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RODNEY SAINT-ELOI |
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La meilleure
façon de triompher de la dictature, n'est-ce pas de lui
opposer la nécessité du bonheur ? |
(…)
Le
portrait de Duvalier, qui ressort de cet ouvrage, est celui d'un
despote tropical — avec les qualificatifs d'usage :
anachronique, sanguinaire, cupide, féroce. Nous sommes
évidemment face à l'extrême, l'infinie
bêtise, la politique dans son expression la plus monstrueuse.
Mais au-delà du rappel, l'invention ici est dans le
clair-obscur, les zones grises que nous dépeint l'auteur
Jean
Florival.
(…)
Spectateur
et souffleur, Jean
Florival est dans l'œil du cyclone ; à
l'intérieur du régime, sans un quelconque titre
officiel,
il cultive l'amitié des grands et des barons et tient le
beau
rôle ; comme dans un drame shakespearien, il est la
conscience du pouvoir. Il raconte, ni en opposant, ni en
panégyriste, les aspects insolites d'une dictature.
Regard
de coulisse, Florival, témoin
privilégié, plonge
dans l'intimité du pouvoir, relate des faits
jusque-là
inconnus du grand public. Ce livre a le mérite d'exposer
avec
sérénité des
évènements tantôt
tragiques, tantôt loufoques, dans le dessein de refuser
l'oubli,
et de mieux comprendre cette tyrannie qui a endeuillé les
familles haïtiennes, afin de sortir du cercle de
l'impunité
et de la logique bourreau-victimes.
(…)
☐
Point de vue de
l'éditeur, pp. 11-12 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Bernard
Diederich et Al Burt, « Papa
Doc et les tontons macoutes, la vérité sur
Haïti » préface de Graham
Greene, Paris :
Albin Michel, 1971
- Frantz-Antoine
Leconte (dir.), « En grandissant sous
Duvalier :
l'agonie d'un état-nation »,
Figeac : Les
Marrons du savoir ; Paris : L'Harmattan, 1999
- Pierre-Charles
Gérard, « Radiographie d'une
dictature :
Haïti et Duvalier » préface de
Juan Bosch,
Montréal : Ed. Nouvelle optique, 1973
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- Graham Greene,
« Les
comédiens », Paris :
Robert Laffont, 1966, 2006
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mise-à-jour : 31
août 2017 |
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