Flore
médicale des Antilles : traité des plantes usuelles
des colonies françaises, anglaises, espagnoles et
portugaises / M.-E. Descourtilz ; ill. par J. Th.
Descourtilz ; nouv. éd. établie par
César Delnatte. - Bordeaux : HC éditions, 2021. -
245 p. : ill. ; 30 cm. - (Collections de la
Fondation Clément). ISBN 978-2-35720-615-1
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La Flore Médicale des Antilles
de Michel Etienne Descourtilz retient l'attention, deux siècles
après sa publication, par une rare réunion de
qualités. C'est d'abord, comme le souligne le docteur
César Delnatte, un ouvrage de référence en
botanique qui a introduit auprès des spécialistes
européens un large éventail d'espèces
végétales présentes dans les îles du bassin
caraïbe (1) ; l'accent est mis
sur les propriétés médicales en prenant en considération les savoirs
locaux, ceux venus d'Afrique avec la traite et ceux des colons
européens, tous relevés et évalués sans
préjugés. Mais l'auteur est curieux et s'attache
également aux différents usages qui peuvent être
faits des espèces qu'il recense et décrit, dans
l'habitat, l'habillement, la nourriture, etc.Enfin, l'auteur évoque occasionnellement le contexte de l'insurrection anticoloniale des Haïtiens (2)
— période durant laquelle il a effectué ses
recherches dans l'île. Il arrive ainsi que les notations
botaniques se trouvent mêlées au souvenir
d'épisodes violents et douloureux.Les remarquables
illustrations en couleurs ont été réalisées
par Jean-Théodore Descourtilz, le fils de l'auteur. 1. | Saint-Domingue
(Haïti) est le principal terrain des recherches de l'auteur, mais
son enquête porte également sur les autres îles du bassin caraïbe : Cuba, la Guadeloupe et la
Martinique, la Jamaïque, Porto Rico, Sainte-Lucie, la Trinité, … | 2. | Michel
Etienne Descourtilz (1775-c. 1835) est arrivé dans la colonie française de
Saint-Domingue en 1799 après une escale à Cuba ; il était chargé de
veiller sur les propriétés de sa belle-famille menacées par la
révolution en cours. Durant cette mission
qui lui permit d'approcher Toussaint Louverture puis le général
Dessalines, Descourtilz s'est fréquemment trouvé en grand danger ce qui
n'a pas entravé sa curiosité pour la flore locale. Prisonnier des
troupes haïtiennes, il fut libéré par l'armée du général Leclerc durant
la bataille de la Crête-à-Pierrot en 1802. |
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CÉSAR DELNATTE : (…)
Michel
Étienne Descourtilz est arrivé à Saint-Domingue en
1799, à l'âge de 22 ans. Il était alors un jeune
médecin chirurgien, diplômé de la faculté de
médecine de Paris. Bien qu'il se qualifiait lui-même
d' “ amateur passionné ”, sa
renommée chez les botanistes et autres naturalistes est grande et
provient notamment de ses descriptions d'espèces. Pas moins de
40 espèces végétales portent son nom,
principalement dans le genre Nauchea, dans la famille des légumes (Fabaceae). Toutefois c'est sa Flore pittoresque et médicale qui constitue son ouvrage majeur qui a traversé les âges.
Cette
dernière à été publiée entre 1821 et
1829, notament pendant que Michel Étienne Descourtilz
était président de la Société
linnéenne de Paris. Elle y avait été
présentée comme suit : “ Cet ouvrage important
à la science par ses descriptions exactes, par les savantes
recherches (…) et les belles planches exécutées
par son fils (…), est indispensable sous le rapport de la
botanique et surtout sous celui de la médecine légale.
L'utile et l'agréable que l'on trouve réunis dans chaque
article en font un livre de bibliothèque qui sera toujours
consulté avec plaisir et avec profit.
(…)
☐ La Flore Médicale des Antilles — Un bicentenaiire : 1821-2021, p. 6
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EXTRAITS |
GAÏAC Guaiacum officinale L. (Sudorifique)
(…)
Histoire naturelle :
(…) On a de tout temps apprécié le Gaïac en
Amérique, et on le rencontre partout à Haïti et
à la Jamaïque. C'est un ancien habitant d'Haïti qui
fit connaître ses propriétés dans le traitement des
maladies vénériennes, et cette découverte fut
bientôt promulguée en Europe. La dureté du bois de
Gaïac et son incorruptibilité le fait rechercher pour la
construction des roues et des dents des moulins à sucre ;
il sert à faire des manches d'outils, des boules, des poulies de
vaisseaux, des roulettes de lits, des cylindres d'imprimeurs en
taille-douc, des mortiers et des pilons pour l'usage journaliers des
noirs qui y préparent leur maïs et leur mil. On en fait
aussi des meubles très élégants et que la
vivacité des nuances rend très agréables à
la vue. Le Gaïac fournit au commerce de droguerie du bois
râpé, des écorces et de la résine, car on
voit distiller sa gomme résineuse.
(…)
☐ p. 99
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PALÉTUVIER ROUGERhizophora mangle L.(Stomachique fébrifuge)
(…)
Histoire naturelle :
(…) On rencontre (…) le manglier rouge dans les lagons saumâtres qui
avoisinnent la mer, où ils se multiplient à l'infini ; c'est sous leur
épais feuillage que le nègre chasseur arrive en tapinois, marchant dans
l'eau jusqu'à la ceinture (…) dans l'espoir d'y surprendre, au milieu
de leur sommeil, les bandes nombreuses de ramiers dont il espère faire
son butin : heureux si son adresse répond à son désir, et si le premier
coup de feu le dédommage de ses peines, de sa prévoyance et de son
incertitude ! Car à cette explosion, toute la bande s'envole et
disparaît jusqu'au lendemain. Le manglier chandelle s'élève à la
hauteur de 25 pieds ; son écorce est d'un gris brunâtre, tachetée de
byssus verdâtres ; sa reproduction est curieuse. Le premier jet qui
sort de terre en produit d'autres qui, au lieu de s'élever, se
recourbent circulairement vers la terre, en cerceaux, s'y provignent
d'eux-mêmes, y prennent racine, et représentent en cet état une espèce
de guéridon. À mesure que la première tige, qui est la principale, et
qui doit devenir arbre, s'élève, elle produit d'autres rejetons qui se
recourbent comme les premiers, et prennent aussi racines : cette
multiplication est telle qu'au bout de quelques années le même arbre
offre l'aspect d'une forêt impénétrable, qui a servi plus d'une fois
d'asile aux blancs infortunés dont la tête était mise à prix dans les
derniers massacres de Saint-Domingue. J'y ai passé bien des jours de
douleur, en proie à la bigaille, aux horreurs de la faim, et privé d'un
sommeil auquel les angoisses d'une mort prochaine ne me permettaient
pas de me livrer. Les branches de ce manglier sont chargées
d'huîtres, exquises (…). On vend, dans les marchés de ces rameaux de
manglier chargés d'huîtres, mais il est préférable, pour le gourmet,
d'aller en canot sur les lieux, les ouvrir lui-même et les savourer à
l'ombre de ces forêts silencieuses.
(…)
☐ p. 167 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Flore médicale des Antilles, ou
Traité des plantes usuelles des colonies françaises,
anglaises, espagnoles et portuguaises » (8 vol.),
Paris, 1821-1829 — variante du titre : « Flore pittoresque
et médicale des Antilles ou histoire naturelle des plantes
usuelles des colonies françaises, anglaises, espagnoles et
portuguaises »
- « Flore
pittoresque et médicale des Antilles, ou Traité des
plantes usuelles des colonies françaises, anglaises, espagnoles
et portuguaises » (8 vol. + 1 vol. de Table),
Fort-de-France : Courtinard, 1977
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- Michel
Etienne Descourtilz, « Histoire des désastres de
Saint-Domingue, précédée d'un tableau du
régime et des progrès de cette colonie, depuis sa
fondation, jusqu'à l'époque de la Révolution
française », Paris : Garnery, an II (1795)
- Michel
Etienne Descourtilz, « Voyage d'un naturaliste, et ses
observations faites sur les trois règnes de la nature, dans
plusieurs ports de mer français, en Espagne, au continent de
l'Amérique septentrionale, à Saint-Yago de Cuba, et
à St-Domingue (…) » (3 vol.), Paris :
Dufart père, 1809
- Michel
Etienne Descourtilz, « Voyage d'un naturaliste en
Haïti », Paris : Plon (Nouvelle bibliothèque des
voyages), 1935
- Michel Etienne
Descourtilz, « Un naturaliste en Haïti aux
côtés de Toussaint-Louverture », Paris :
Cartouche, 2009
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- François-Richard de Tussac,
« Flore des Antilles, ou Histoire générale
botanique, rurale et économique des végétaux
indigènes des Antilles » (4 vol.), Paris :
chez l'auteur, 1808-1837
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mise-à-jour : 20 octobre 2021 |
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