ADRIEN BANCE : Un jeune homme dans un aéroport
dans l'attente du signal d'embarquement. Il se demande avec angoisse
quand son passeport lui sera rendu par le contrôleur milicien
et si c'est pour la prison ou pour la liberté que résonnera
le dernier appel.
À partir de là
des flashes back remarquablement bien agencés nous font
suivre ce jeune garçon, de l'insouciance enfantine, puis
dans l'adolescence, aux confrontations et expériences
diverses. Tout autour de lui va le convaincre de la nécessité
de partir, de s'échapper dans un marronnage moderne.
Ce récit d'initiation
est aussi l'histoire d'une famille monoparentale dont la mère
gère les conflits de sa pauvreté et de son orgueil
aristocratique. Nombreux sont les tableaux et les scènes
des différents quartiers d'une ville que plusieurs lecteurs
reconnaîtront ainsi que les portraits de personnages typiques.
Récit aussi d'une éducation sentimentale où
les « premières fois » se multiplient.
Mais surtout peinture de la toile d'araignée de la dictature
où tout individu est une victime potentielle. Et chacun
doit se débattre seul ou avec des complicités teintées
de compromissions pour se préserver de l'araignée
dévorante.
Ce pays ne s'appelle pas Haïti,
et les miliciens qui gèrent la loterie de la vie et de
la mort sont des KSP (cochons sans poils) et non des tontons
macoutes. Mais cela ressemble tellement à Haïti au
temps des macoutes qu'on s'y trompe !
Ce roman nous accroche dès
les premières pages. La langue y est juste et les expressions
créoles, qui s'y glissent naturellement, contribuent à
authentifier autant les évènements que les émotions.
Un roman où toute une
génération se reconnaîtra.
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