Ginette Randriambeloma

Rencontre des sœurs Brontë en terre malgache

L'Harmattan

Paris, 1989

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des femmes et des îles
Madagascar
Rencontre des sœurs Brontë en terre malgache / Ginette Randriambeloma. - Paris : ACCT, L'Harmattan, 1989. - 190 p. : ill. ; 24 cm. - (Repères pour Madagascar et l'océan Indien).
ISBN 2-7384-0610-6

NOTE DE L'ÉDITEUR : Cet ouvrage se veut être une analyse des raisons de l'accueil chaleureux que les lectrices des Hautes Terres malgaches, profondément enracinées dans leurs propres croyances, mais également sensibles à des valeurs et à des idées venant d'autres horizons, ont réservé à Jane Eyre et aux Hauts de Hurlevent dans les années soixante. Il rappelle les aspects les plus marquants de la littérature et de la civilisation malgaches et évoque l'impact de la vieille culture européenne sur un peuple à la recherche de son devenir.

Ginette Randriambeloma enseigne la langue anglaise à l'université de Madagascar.

ADRIEN LE BIHAN : [Le livre de Ginette Randriambeloma] cherche à expliquer pourquoi beaucoup de femmes malgaches des années soixante ont aimé les romans de Charlotte et Emily Brontë : Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent. Charlotte Brontë fut tentée d'envoyer un de ses personnages en mission d'évangélisation à Madagascar. Mais ce qui intéresse Ginette Ranbriambeloma, c'est le cousinage entre le pays des sœurs Brontë et les plateaux de l'Imerima. Elle n'a pas de mal à convaincre qu'Emilie et Charlotte supportent dignement leur voyage dans ces hautes terres lointaines de Bible, de cantiques, de prêches et d'influences victoriennes véhiculées par la langue française — Charlotte surtout qui, fille et femme de pasteur, locataire toute sa vie d'un presbytère bordé de tombes, croyait entendre, quand le vent soufflait, les voix de ses sœurs mortes. Celui qui connaît les lieux n'est pas surpris qu'on lui montre, dans le silence et la solitude des campagnes de l'Imerima, et dans les pluies torrentielles et le vent qui balaie ces hauteurs, où la végétation n'a pas la luxuriance de celle de Paul et Virginie, « l'isolement chargé de tristesse des landes du Yorkshire ». Il hésiterait beaucoup à contredire Ginette Randriambeloma lorsqu'elle jure que, tel le manoir de Thornfield, l'allure des vieilles demeures malgaches, souvent en ruines, des campagnes mérina, « désertées au début de ce siècle, et où certaines familles ont installé des personnes chargées du maintien des tombes et des terres ancestrales, éveille une sensation de désolation sinistre, d'effroi, propice aux histoires invraisemblables et ténébreuses ». Et c'est sur du velours qu'elle joue lorsqu'elle voit faire mouche à Madagascar, où les ancêtres dans les tombes ne cessent de guetter, où les esprits des morts pénètrent dans les maisons par les portes pour en ressortir par les fenêtres, les mots de Heathcliff à Catherine : « Je crois fermement aux revenants, j'ai la conviction qu'ils peuvent exister et qu'ils existent au milieu de nous ».

« Retour de Lémurie », Paris : François Bourin, 1993 (pp. 76-77)

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
(sur le rayonnement ultramarin des sœurs Brontë)
  • Maryse Condé, « La migration des cœurs », Paris : Robert Laffont, 1995
  • Jean Rhys, « La prisonnière des Sargasses » (1966), Paris : Gallimard (L'Imaginaire, 502), 2004

mise-à-jour : 12 novembre 2014
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