Notre
agent à La Havane / Graham Greene ; trad. de
l'anglais par
Marcelle Sibon. - Paris : 10/18, 2001. -
284 p. ;
18 cm. - (Domaine étranger, 1397).
ISBN 2-264-02198-5
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| Le
monde serait-il dans le gâchis où il est si nous
étions
fidèles à l'amour au lieu d'être
fidèles à des patries ?
☐ p. 248 |
Les Comédiens est un roman, mais avant tout, l'expression ferme d'un engagement
— l'objectif de l'auteur était de dénoncer la
dictature du
docteur Duvalier 1.
Notre
agent à La Havane
est un divertissement ; certains ont
apprécié,
d'autres moins — c'est le cas du régime
de
Fidel Castro, très critique envers une œuvre
évoquant une page d'histoire tourmentée avec
retenue
sinon légèreté 2.Le
roman se déroule aux derniers temps de la dictature de
Fulgencio
Batista qui bénéficiait du soutien officiel des
États-Unis d'Amérique, alors que la
guérilla
menée par Fidel Castro et Che Guevara s'organisait et se
renforçait dans la province d'Oriente. Mais pour
Graham
Greene, le sujet est ailleurs : il veut se moquer d'une
activité qu'il connaît bien, celle des services
secrets et, en particulier, des services secrets britanniques
où chaque agent
— et
pas seulement le novice fraîchement recruté
à La
Havane — ressemble à un
« mauvais
romancier qui prépare un effet »
(p. 151).Sous
la farce, les péripéties qui se jouent
« dans
cette fantastique Havane, au milieu des absurdités de la
guerre
froide » masquent mal une interrogation corrosive
sur les
visées politiques des grandes puissances
— et sur les
formes d'engagement individuel qu'elles peuvent
légitimer :
« qui pourrait accepter comme grande cause la survie
du
capitalisme occidental ? » (Introduction, p. 12). 1. | « The
Comedians, » Graham himself later
wrote, « is the
only one of my books which I began with the intention of expressing a
point of view and in order to fight — to fight the
horror of
Papa Doc's dictatorship. » Bernard Diederich, Seeds of fiction
(2012), p. 112. | 2. | «
… ce livre ne me servit pas auprès des nouveaux
maîtres de La Havane. En me moquant des Services secrets
britanniques, j'avais minimisé la terreur qu'avait fait
régner le régime de
Battista », Introduction, p. 21. |
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EXTRAIT |
Sans savoir exactement pourquoi, il n'avait pas envie, ce
matin-là, de boire son daiquiri du matin en compagnie du
docteur
Hasselbacher ; il y avait bien des moments où le
docteur
lui semblait un peu trop libre de soucis. Il entra donc chez Sloppy Joe au lieu
d'aller au Wonder Bar. Aucun
résident de La Havane n'allais jamais chez Sloppy Joe parce
que c'était le rendez-vous des touristes, mais les touristes
étaient alors en nombre de plus en plus réduit,
car l'on
pouvait entendre dans le régime du président les
craquements avant-coureurs de l'écroulement final. Il y
avait
toujours eu, hors de la vue du public, des incidents
déplaisants
qui, en éclatant dans les chambres secrètes de la
Jefatura, n'avaient pas troublé les étrangers
logés au Nacional
ou au Séville-Biltmore, mais
voilà qu'un de ces visiteurs venait d'être
tué par
une balle perdue, pendant qu'il photographiait un mendiant pittoresque,
sous un balcon près du palais, et cette mort avait
sonné
le glas des « tours complets comprenant une excursion
à la
plage de Varadero et un aperçu de la vie nocturne
à La
Havane ». Le Leica de la victime avait
été
pulvérisé du même coup, ce qui plus que
le reste
avait donné à ses compagnons une notion
impressionnante
du pouvoir destructeur d'un projectile.
☐ pp. 46-47 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Our
man in Havana », London : Heinemann, 1958
- «
Notre agent à La Havane » trad. de
l'anglais par Marcelle Sibon, Paris : Robert Laffont (Pavillons),
1959
|
- « Les comédiens »
trad. de l'anglais par Marcelle Sibon, Paris : Robert Laffont (Pavillons poche),
2006
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mise-à-jour : 15
août 2018 |
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